
Aux artistes, architectes et industriels natifs de Nancy et sa proche région, tels Émile Gallé (1846-1904), Eugène Vallin (1856-1922), Louis Majorelle (1859-1929), Victor Prouvé (1858-1943), Émile Friant (1863-1932) ou Émile André (1871-1933), s’ajoutent plusieurs « optants » lorrains ou alsaciens, dont les familles avaient choisi de quitter les territoires annexés par l’Allemagne en 1871, comme les frères Antonin et Auguste Daum (1864-1930 et 1853-1909), Louis Hestaux (1858-1919) ou Jacques Gruber (1870-1936).
La table Le Rhin qui accueille le visiteur, créée par Émile Gallé pour l’Exposition universelle de 1889, montre combien l’injustice de l’annexion reste alors encore un sujet central pour les artistes lorrains. Les emblèmes lorrains (chardon de Nancy, blason, figure de René II) font partie du répertoire décoratif de l’École de Nancy, en particulier chez Gallé. Face à la concurrence française et étrangère -surtout allemande-, ces références à l’histoire régionale et aux savoir-faire hérités de la tradition locale des arts du feu servent de socle à la création d’un label « École de Nancy », synonyme de qualité et d’originalité. La référence permanente à la nature à la fois dans le décor et dans les formes, qui fait la spécificité de l’École de Nancy, est aussi intimement liée à l’histoire de l’horticulture lorraine, et aux obtentions des horticulteurs Félix Crousse ou Victor Lemoine, contemporains de l’École de Nancy.
Vue de l'aquarium © Musée de l'École de Nancy, D. Boyer
Émile Galle, Coupe Roses de France, verre à deux couches, inclusions, marqueterie, décor gravé et applications, 1901 © Musée de l'École de Nancy, P. Caron
Louis Majorelle, Guéridon tripode, amaranthe, placage de bois de serpent, bronzes dorés et ciselés, modèle créé en 1902 © Musée de l'École de Nancy, Studio Image