work

Tronc d’arbre gravé dans la forêt de Haye

Georges Thiry (1870-1936)
1906
Négatif gélatino-argentique sur plaque de verre
H. 8 ; l. 9 cm
Inv. 2019.0.1670

 

Le sujet représenté peut surprendre : un tronc d’arbre recouvert de dendroglyphes. Preuve de leur présence en ce lieu, des hommes, bûcherons, promeneurs ou militaires y ont gravé des noms, des prénoms et peut-être une date. L’arbre est probablement un hêtre dont l’écorce lisse est souvent privilégiée. Utiliser un arbre comme support d’écriture et de dessin est une pratique très ancienne et presque universelle. Cette trace éphémère évolue en même temps que l’arbre et disparaît à sa mort.

La photographie a été réalisée en 1906 dans la forêt de Haye, massif forestier situé dans la périphérie proche à l’ouest de Nancy. Cette forêt a appartenu jusqu’à la Révolution aux ducs de Lorraine, aux abbés de Clairlieu puis à la Couronne de France avant de devenir forêt domaniale ou communale. Le Musée lorrain dispose d’une cinquantaine de plaques de verre la représentant au début du XXe siècle. Certaines ont été réalisées par un photographe amateur, membre de la Société lorraine de photographie, le Docteur Georges Thiry. Le massif est rapidement accessible aux nancéiens en calèche ou en vélo et l’on peut aisément imaginer Georges Thiry à bicyclette muni de son appareil photo à la recherche de sujets photographiques. Il est évident que la forêt représente une source d’inspiration pour notre photographe amateur.

Le lieu-dit « les quatre marronniers » est pris par Georges Thiry sous tous les angles. D’après une carte de la forêt domaniale de Haye dressée par le service de l’École forestière de Nancy en 1879, on distingue deux lieux-dits portant la dénomination « Les quatre marronniers ». L’un d’eux, se trouvant à l’intersection de la route de Frouard et de la route des Navets existe encore aujourd’hui. Est-ce le lieu représenté sur les photographies ? Il était en effet courant, à l’époque, de conserver aux carrefours et intersections des arbres remarquables par leur port et leur longévité, tels que les marronniers ou les tilleuls.

Le photographe immortalise également une hutte de bûcherons, qui témoigne de l’exploitation des nombreuses ressources tirées de la forêt au XIXe et au début du XXe siècle. On pratiquait l’affouage pour avoir du bois de chauffage, on trouvait dans la forêt de Haye les matériaux nécessaires à la fabrication des manches d’outils, des tonneaux (en chêne), des tuteurs pour les vignes, des meubles, etc. Les bûcherons et charbonniers installaient pour la durée de leur chantier une hutte, comme celle photographiée, réalisée au moyen de branchages et de mottes de terre, pour s’abriter et s’y loger. Dans cette hutte se trouvait un foyer dont la fumée s’évacuait bien souvent par la porte d’entrée. L’aménagement intérieur y était extrêmement rudimentaire, et l’on imagine aisément la vie fruste et difficile de ces ouvriers du bois.