Antoine Daniel
Vers 1890
Marbre rouge de rance, laiton, verre et métal émaillé
Horloge : H. 53 ; l. 32 cm
Colonnes : H. 60 ; l. 21 cm
Inv. 2005.10.1
Don de Pierre Emond, 2004
Au milieu du XIXe siècle, Antoine Daniel, après une formation d’horloger, s’installe à Nancy rue de la Hache. À l’image d’un compagnon, il se lance rapidement dans l’élaboration d’un chef-d’œuvre, c’est-à-dire une œuvre complexe et ambitieuse, apte à montrer sa maîtrise et son savoir-faire. Son choix se porte sur le patrimoine de son enfance qui le touche le plus : les grilles de la place Stanislas exécutées par Jean Lamour entre 1752 et 1755. L’idée de réaliser une copie à l’identique, à l’échelle 1/10e de ces grilles n’est pas une mince affaire. Il lui faut tout d’abord obtenir les cotes ; et ne connaissant pas le Recueil des ouvrages de serrurerie de Jean Lamour où sont représentés des plans de ces grilles, il entreprend de les mesurer sur place. Puis Antoine Daniel se lance dans un travail d’orfèvre qui aboutit à la présentation de sa garniture de cheminée lors de l’Exposition d’Art Décoratif à Nancy en 1894. Son horloge y est primée, tout comme en 1900 lors de l’Exposition universelle à Paris.
L’œuvre passe quelques années en vitrine dans la boutique, rue de la Hache. Mais la Première Guerre mondiale éclate et, dans la précipitation, l’horloger enterre son trésor dans son jardin rue de la Colline. Quatre ans plus tard, il lui est impossible de remettre la main dessus. C’est son fils, Édouard Daniel, qui la retrouve dans un triste état après onze années d’enfouissement. Suite à un échec de restauration des fils Daniel, l’horloge est à nouveau oubliée. En 1938, Pierre Emond, époux d’une des filles Daniel et élève aux Arts et Métiers, réussit à rendre la splendeur d’antan à cette horloge. Il entreprend la restauration dès 1950, mais dans la France de la reconstruction il éprouve certaines difficultés à récolter l’outillage ou les matières premières nécessaires. En 1962, le travail prend fin et l’horloge peut trôner fièrement dans le salon de la famille Emond jusqu’à sa donation au Musée lorrain en 2004.