Après des études à l’école municipale des Beaux-Arts de Nancy, puis à l’école des Arts décoratifs de Paris, Camille Gauthier intègre les ateliers Majorelle en 1893. Il y restera sept ans, durant lesquels il travaillera comme dessinateur au bureau d’étude. Fort de cette expérience, il décide à l’aube du XXe siècle de s’établir à son propre compte, créant son entreprise de mobilier et objets d’art à destination de plus grand nombre. Il prône alors l’un des principes fondamentaux de la future École de Nancy (dont il sera membre en 1901) : l’art pour tous.

C’est sans doute l’ébéniste lui-même qui dessine les publicités pour l’atelier de fabrication de « meubles d’art moderne » qu’il ouvre au 8 rue d’Auxonne à Nancy, en 1900. A plusieurs reprises, il avait déjà illustré des documents publicitaires, des couvertures de catalogues et des vignettes pour des revues, dans un style Art nouveau.

Ici, contrairement aux publicités de Jacques Gruber, l’annonce ne suggère pas les produits offerts à la vente. La composition atteste toutefois d’une réelle recherche artistique : les caractères élégants des lettres aux motifs floraux s’épanouissent pour encadrer l’ensemble. Le choix du tulipier de Virginie comme motif ornemental utilisé sur tous ses documents commerciaux renvoie à un autre décor : celui de la devanture de la Maison d’Art Lorraine, rue Stanislas. Cette référence est certainement volontaire : elle rappelle que les réalisations de Camille Gauthier sont vendues en exclusivité dans le magasin spécialement dédié à la production et à la diffusion des industries d’art lorraines. Peut-être nous indique-t-elle également que la devanture rue Stanislas a été conçue par l’artiste lui-même ?

En 1904, Camille Gauthier s’associe à Auguste Poinsignon pour développer son entreprise de meubles fonctionnels et bon marché. La firme Gauthier-Poinsignon prend alors de l’ampleur en proposant des ensembles de mobilier déclinés en différentes essences de bois, pour une clientèle variée.