Époque mérovingienne, VIIe siècle
Alliage cuivreux
H. 6,3 ; l. 14,5 ; P. 1,5 cm
Site de collecte : Einville-au-Jard (54)
Inv. D.ML.183.07
Dépôt du Musée de Lunéville, 1947
Cette plaque-boucle constitue l’un des rares témoignages du premier christianisme en Lorraine. Elle servait à fixer la boucle de la ceinture à la ceinture elle-même. Elle a été découverte en 1863 sur la commune d’Einville-au-Jard, au nord de Lunéville, dans une tombe où se trouvaient également une lance à crochets, un scramasaxe (coutelas à un seul tranchant), un poignard, un couteau à lame échancrée, un fer de javelot, deux dards de flèches et une clé, objets excluant l’hypothèse, parfois émise, de la sépulture d’un clerc. La partie ajourée de l’objet était initialement fixée sur une plaque en fer elle-même rivetée à une ceinture en cuir. Lorsque l’ensemble fut démonté, au milieu du XXe siècle, on découvrit entre les deux plaques un contenu composé d’une touffe de cheveux entourée de tissus laissant à penser que l’objet faisait fonction de reliquaire.
Datable du VIIe siècle, la plaque d’Einville-au-Jard appartient à l’ensemble remarquable des plaques-boucles rectangulaires à motif chrétien, dont la grande majorité provient d’un territoire couvrant la Bourgogne, la Franche-Comté, la Suisse occidentale et le nord de la région Rhône-Alpes (ce territoire correspondant approximativement au nord de l’ancien royaume des Burgondes). Le type le plus répandu figure un animal composite, désigné sous le nom d’hippogriffe, buvant à la coupe de Vie ; mais il arrive aussi que ces plaques-boucles représentent des scènes tirées des Écritures, à commencer par Daniel dans la fosse aux lions. Ici, l’interprétation de la scène reste incertaine : proche dans sa composition d’une plaque représentant les mages devant Hérode, la plaque d’Einville-au-Jard semble plutôt montrer une scène de bénédiction : le personnage assis, un abbé à la crosse portée par l’homme se tenant derrière lui, bénirait alors les deux abbés à la tête profondément inclinée qui lui font face. Le décor de la boucle représente le combat de deux dragons.
Oeuvre restaurée en 2007