Œuvre

Le général Langlois en automobile lors des grandes manœuvres de Nancy en 1901

Félix Roy (1862-1930)
1901
Positif gélatino-argentique sur plaque de verre
H. 8,5 x L. 10 cm
Inv. 2019.0.5473
Don Roy, 1938

 

Fin février 1901, le général Hippolyte Langlois prend le commandement du 20e corps d’armée stationné à Nancy, fonction qu’il exerce jusqu’à la fin de l’année 1903, avant de rejoindre, au terme d’une brillante carrière militaire, le Conseil supérieur de la Guerre. Fin tacticien, il participe activement à la modernisation de l’artillerie et publie de nombreuses études de théorie militaire qui lui ouvriront un fauteuil à l’Académie française en 1911.

L’Est Républicain daté du 1er mai 1901 décrit les manœuvres organisées « sur le plateau » et auxquelles participent l’artillerie, la cavalerie et l’infanterie, que « le général Langlois dirige personnellement », dans « un ordre parfait ». Le 20e corps prend part à d’autres manœuvres au cours de cette même année, autour de Nancy et surtout lors des grandes manœuvres de l’Est organisées en septembre près de Reims à l’occasion de la venue du Tsar Nicolas II de Russie, qui réunissent 130 000 soldats.

Sur la photographie, on peut voir le général Langlois assis à droite dans une voiture Type 26 Peugeot. Avec son volant en « T », dont on n’aperçoit que le klaxon, le véhicule, produit entre 1899 et 1902, pouvait accueillir 4 passagers assis en vis-à-vis. 419 exemplaires ont été produits par l’usine de Sochaux. Les registres du constructeur mentionnent la vente d’une automobile Type 26 à un client du nom de Langlois à Chaumont en Haute-Marne le 21 novembre 1899. Cependant, à cette date, le général Langlois dirige l’École supérieure de guerre à Paris.

Dans la lignée des premières voitures commercialisées par Peugeot et fabriquées à Sochaux, la Type 26 a un moteur positionné à l’arrière et un mécanisme de transmission par chaîne. Munie de garde-boue, de phares et de pneus épais Michelin, qui en font une vraie voiture « routière », roulant à une vitesse maximum de 30 km/h, elle permet d’atteindre des terrains plus difficiles, comme les champs d’exercice des manœuvres. La poussière et l’encrassement visibles sont peut-être le signe que les exercices militaires sont maintenant achevés et que le général est sur le chemin du retour à la caserne Thiry rue Sainte-Catherine. 

Autour du général, on voit marcher des soldats, mais également des jeunes garçons regardant attentivement le véhicule et ses passagers. S’il n’était pas rare de voir passer des soldats à Nancy, où la présence militaire avait été considérablement renforcée après la défaite de 1871 et où les parades étaient coutumières, le passage d’un général, en automobile et en manœuvre semble avoir été une vraie attraction pour les enfants.

Enfin, si le véhicule était bien en marche au moment de la prise de vue, on ne peut que souligner la grande adresse du photographe pour obtenir une image aussi nette et parfaitement centrée. Le général Langlois semble avancer d’une manière décidée vers son objectif, le regard concentré et porté vers l’avant, et l’air satisfait, comme un emblème d’une armée moderne et conquérante, affichant fièrement sa force retrouvée face à son menaçant voisin allemand.