Œuvre majeure

Le départ des mobiles de la Meurthe

Joseph-Émile Gridel (Baccarat, 1839 – Baccarat, 1901)
1878
Huile sur toile
H.130 ; l.200 cm
D.65.6.5
Dépôt du musée du château de Lunéville, 1965

Le Départ des Mobiles de la Meurthe représente le deuxième bataillon des gardes mobiles de la Meurthe quittant Lunéville le 10 août 1870. L’œuvre a été peinte par Émile Gridel qui prit part à cet épisode en tant que capitaine. La Garde nationale mobile (les « Mobiles ») avait été créée en 1868 pour servir d’auxiliaire à l’armée dans le cadre de la défense des places fortes, villes, côtes, frontières de l’Empire, et du maintien de l’ordre intérieur. Elle fut rappelée à l’activité quelques jours avant la déclaration de guerre à la Prusse.

Le tableau se présente comme un véritable document où l’on peut reconnaître les lieux et certains protagonistes. L’officier à cheval, au centre du tableau, n’est autre que le commandant Justin Brisac (1824-1895), chef du bataillon, en tête de ses troupes, identifiable à son hausse-col (la pièce métallique décorée que les officiers portaient au cou) et à la passementerie qui orne son uniforme.

Dans les groupes du premier plan, on reconnaît plusieurs habitants de Lunéville, notamment, à droite et en habit de travail, un ancien exilé suite au coup d’état du 2 décembre 1851. La mention de cet ancien opposant à Napoléon III montre que c’est la patrie, et non le Second Empire, qu’il est désormais question de défendre. Cette thématique de l’armée au service de la patrie est d’ailleurs au cœur du tableau de Gridel. C’est par exemple elle qu’illustre le peintre en représentant un autre officier serrant la main d’un homme au premier plan à gauche, image de la confiance accordée par la population envers les Mobiles.

Des « zouaves » regardent également le défilé, soldats de la ligne ayant perdu leurs régiments.

Les militaires se trouvent dans la Grande Rue à Lunéville, viennent de passer devant le château et s’en vont par le faubourg de Villers pour ensuite se diriger vers Langres.

Fils d’un notaire de Baccarat, Émile Gridel manifeste très jeune un goût pour le dessin. En 1858, à l’âge de 19 ans, il intègre l’atelier du peintre parisien Thomas Couture, où il se forme durant quatre ans.

Le chemin de Gridel croise pour la première fois la route du Musée lorrain en 1868. Le peintre donne en effet au musée certains des objets qu’il a recueillis sur le site d’une ancienne construction romaine.

Dès 1872, il va se transformer en chroniqueur pictural des événements vécus par son bataillon durant la campagne de 1870. Outre Le Départ des Mobiles de la Meurthe, il peint notamment Le Moulin de Corlée, qui montre un lieu de rassemblement des Mobiles près de Langres, Le Combat de la scierie LajusLe Combat de la Bourgonce, et, sans doute le plus célèbre d’entre eux, La Bataille de Nompatelize.

La peinture représentant Le Départ des Mobiles de la Meurthe n’a été réalisée qu’en 1878 mais est pourtant celle qui montre le premier épisode des événements vécus par Gridel et ses camarades. Elle a été donnée par le peintre au musée de Lunéville en 1879. Le musée de Lunéville l’a déposée au Musée lorrain en 1965.