Œuvre majeure

Le Sac de Bude

Manufacture de Charles Mitté, Nancy
1703-1705
Tapisserie de basse lice, soie et fils métalliques
H. 312 ; L. 402 cm
Inv. 5027
Achat, 1954

Lorsqu’il reprend possession de ses états en 1698, Léopold nomme le nancéien Charles Mitté, tapissier de l’hôtel et le charge de créer une manufacture de tapisserie à Nancy. Émerveillé par les créations royales réalisées à la gloire de Louis XIV aux Gobelins ou à Beauvais, le duc commande une tenture destinée à glorifier les exploits militaires de son père Charles V contre les Turcs.

Cette tapisserie appartient à la Petite Suite des Victoires de Charles V, qui fut la première série tissée sur le sujet d’après des cartons du peintre Charles Herbel. Parmi les cinq tapisseries de la tenture, Le Sac de Bude fut la première à être réalisée. Elle fut tissée entre 1703 et 1705 ainsi que le mentionne la marque située en bas à droite de la tapisserie dans laquelle on retrouve les initiales de Charles Mitté. L’œuvre comporte deux bordures : une première simulant un cadre en bois doré où l’on retrouve tous les emblèmes ducaux : les croix de Lorraine et de Jérusalem, les alérions, les bars affrontés et les fleurs de lys. Une seconde bordure plus riche est ornée de trophées et rappelle les modèles réalisés à la manufacture des Gobelins.

L’épisode figure le sac de la ville de Bude, aujourd’hui Budapest, par les troupes de la Sainte Ligue qui eut lieu le 2 septembre 1686 après un siège de plus de deux mois. L’espace représenté, qui n’est pas sans évoquer un décor de théâtre, est inspiré de la gravure de Jacques Callot L’incendie de la ville d’Alep. Au milieu de ces bâtiments derrière lesquels émergent deux minarets, on peut y voir  toute l’horreur d’une ville livrée à la soldatesque. Les cadavres nus jonchent le sol, les pillards tuent et détroussent les morts alors que l’aga, chef des janissaires, est fait prisonnier comme le mentionne la légende. Au sommet de la composition se trouve le blason du duc de Lorraine, entouré d’étendards et de trophées turcs. Juste en dessous, l’aigle impérial tient entre ses serres un phylactère tissé à l’envers où est inscrit : BUDA VI CAPTA FERRO ET IGNE VASTATA : "Buda, prise par la force, fut dévastée par le fer et le feu".

 Oeuvre restaurée en 2007