Atelier tournaisien
1ère moitié du XVIe siècle
Tapisserie de haute-lice, laine et soie
Le repas de Dîner : H. 3,51 ; l. 3,08 m
Le repas de Banquet : H. 3,31 ; l. 5,53 m
L’assaut des maladies : H. 3,45 ; l. 4,47
La plainte et le mandat d’amener : H. 3,43 ; l. 3,66 m
L’arrestation et le jugement : H. 3,43 ; l. 4,75 m
Inv. D.95.1582.1 à 5
Dépôt de la Ville de Nancy, 1861
Entrée dans les collections du musée en 1861, cette tenture était réputée, au XIXe siècle, provenir des collections du dernier duc de Bourgogne Charles Le Téméraire dont elle aurait orné la tente lors de la bataille de Nancy, en 1477. Elle fut en réalité commandée aux ateliers tournaisiens par le duc Antoine de Lorraine et installée, en 1511, dans la grande salle du palais ducal. Elle constitue aujourd’hui le seul exemple de mobilier d’origine du palais de la Renaissance avec le lit du duc Antoine et de la duchesse Renée de Bourbon.
La thématique représentée est celle de la Condamnation de Banquet, une moralité médiévale dont la première édition est publiée à Paris par Nicolas de La Chesnaye en 1508. Constitué de trois mille six cent cinquante vers, le texte met en scène pas moins de trente neuf personnages. Appel à la tempérance, l’œuvre est une mise en garde contre les excès de bonne chère. Au fil de l’intrigue, des convives sont invités à festoyer chez Dîner puis Souper et Banquet qui leur tendent un piège. Durant les deux derniers repas, les convives sont en effet assaillis par de terribles maladies aux noms évocateurs : Gravelle, Goute, Pleurésie, Fièvre ou Apoplexie. L’affaire est portée devant le tribunal de Dame Expérience, accompagnée de ses conseillers médecins, qui rend alors sa sentence : Souper est condamné à porter de lourdes menottes avec interdiction de s’approcher de Dîner à moins de six heures tandis que Banquet est condamné à mort.
Les cinq pièces conservées de cette tenture, qui en comprenait à l’origine dix, sont une précieuse source de renseignement sur les arts de la table au XVIe siècle. Chez Souper, on peut ainsi observer une vaisselle d’usage (salières, plats, écuelles, tranchoirs), distincte d’une vaisselle d’apparat disposée sur le dressoir, ainsi qu’une magnifique nef de table remplie de victuailles et surmontée d’une statue de Vénus.