L’Écrevisse ou Le Pêcheur endormi

Sur un tertre rocheux, un jeune enfant est en train de dérober une écrevisse à un autre enfant endormi contre une souche d’arbre. Nu, le premier est caché derrière la souche tandis que le second, pieds nus, est vêtu d’une culotte, d’une chemise et d’une veste ouverte. La rare production de biscuits noirs a été attribuée à la manufacture de Niderviller. D’une part, les modèles n’existent pas à Saint-Clément et à Toul. D’autre part, un document inédit rédigé en 1832 par le fils du directeur puis propriétaire de la manufacture de Niderviller de 1778 à 1827, Lanfrey, mentionne l’utilisation de biscuit noir constitué de terre de porcelaine, de terre de Coblence, de cailloux et de manganèse. Le matériau rappelle les grès noirs utilisés par la manufacture anglaise de Josiah Wedgwood, fondée en 1759. Charles-Gabriel Sauvage dit Lemire (1741-1827), premier modeleur à la manufacture de Lunéville sous la direction de Paul-Louis Cyfflé puis directeur de l’atelier de modelage de Niderviller de 1781 à 1793, pourrait-il être l’auteur de ces modèles ? Les traits et les détails de ce modèle, également réalisé en biscuit blanc, sont d’une grande finesse. Un autre groupe en biscuit noir, conservé au palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain, apparaît dans les tarifs et les inventaires de la manufacture de Niderviller. Il s’agit du Baiser, inspiré d’une sculpture en bronze de Jean-Antoine Houdon (1741-1828).

Des figures d’enfants drôles et farceurs ornent les pièces en biscuit et les services en porcelaine imaginés par Étienne-Maurice Falconet (1716-1791), directeur de l’atelier de sculpture de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres de 1757 à 1766. Inspirés par François Boucher (1703-1770), ces sujets ont permis d’illustrer des métiers ou des scènes de jeux. Paul-Louis Cyfflé a repris le thème des chamailles d’enfants à la manufacture de Lunéville.

Marie Pintre