Trois amours dont l'un tire à l'arc

Manufacture de Niderviller

Manufacture de Niderviller (direction de François-Henri Lanfrey)
Charles-Gabriel Sauvage dit Lemire (auteur du modèle ?)
1781 - 1800
Biscuit de porcelaine
H. 21 ; L. 14 ; P. 13 cm
Inv. 44.1.7
Don des héritiers de Pierre-Joseph-Louis Hennequin, 1944
Marque NIDERVILLE estampée en creux

Sous le règne de Louis XV, plusieurs grands sculpteurs français réalisent des œuvres représentant le fils de Vénus qui connaissent un grand succès. En 1750, Edme Bouchardon sculpte L’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule, en 1753 Jacques Sally présente L’Amour essayant une de ses flèches et en 1757 Étienne-Maurice Falconet exécute L’Amour menaçant. Cette dernière sculpture, commandée par Madame de Pompadour afin d’orner le jardin de son hôtel d’Évreux, est éditée à la manufacture de Sèvres dès l’année suivante. L’Amour y est représenté assis, invitant au silence par son doigt sur la bouche tandis que de la main gauche il sort discrètement une flèche de son carquois. Très recherchée des amateurs, l’œuvre est largement diffusée et copiée. Elle est notamment éditée par les manufactures de Lunéville et de Saint-Clément. Toul-Bellevue produit une variation sur le thème avec Le Petit Amour debout tenant dans son dos la flèche qu’il s’apprête à décocher.

À la manufacture de Niderviller, le petit dieu se démultiplie. Sur ce groupe, ce sont trois petits amours qui s’apprêtent à sévir. La composition tournante place les personnages à des niveaux différents et invite le spectateur à les découvrir successivement. Assis au milieu, l’un d’entre eux nous invite par son geste au silence afin de ne pas gêner celui qui s’apprête à tirer avec son arc. À l’arrière, le troisième nous désigne en riant la future victime du trio. Le groupe apparaît dans le Livre des formes de la manufacture sous le n°53 qui est mentionné avec deux ou trois figures. L’ouvrage évoque également au n°54 un Amour aiguisant ses flèches très proche à deux ou trois figures. La marque NIDERVILLE estampée en creux sur le biscuit correspond à la direction de François-Henri Lanfrey qui reprend la tête de la manufacture en 1778. Le modèle est probablement dû au sculpteur Charles-Gabriel Sauvage dit Lemire. Ancien modeleur de la manufacture de Cyfflé à Lunéville, il est à la tête de l’atelier de modelage de Niderviller à partir de 1781.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

MOREY (Prosper), Les statuettes dites de terre de Lorraine, Nancy, Crépin-Leblond, 1871, p. 37.

CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 72, 87, 163.