Vénus et Adonis

Manufacture de Lunéville

Manufacture de Lunéville
Fin du XVIIIe siècle ou début du XIXe siècle
Biscuit de terre de pipe
H. 20 ; L. 17 ; P. 12,5 cm
Inv. 95.895
Don Keller et Guérin, entre 1863 et 1869

Dans la mythologie grecque, Adonis est le fruit de l’union incestueuse entre Myrrha et son père Cinyras, roi de Chypre. À cause de sa beauté, le jeune homme est l’objet des passions de Vénus, déesse de l’amour et de la beauté, et de Proserpine, déesse des enfers, à laquelle il aurait été confié à sa naissance. Contraint par Jupiter de partager son temps entre les deux déesses, Adonis passe l’automne et l’hiver avec Proserpine, le printemps et l’été avec Vénus. Cette dernière accompagne son jeune amant partout, chassant même avec lui. Elle poursuit les lièvres, les cerfs et les daims mais se tient à distance des sangliers, des loups, des ours, des lions et met en garde Adonis contre un excès de témérité face à ces bêtes sauvages. Insouciant, le jeune homme ne tient pas compte des recommandations de Vénus et lors d’une chasse est mortellement blessé par un sanglier. Pétrie de douleur, la déesse change le sang de son défunt bien-aimé en anémone. Ce récit, conté dans les Métamorphoses du poète latin Ovide, est traduit et publié de nombreuses fois au XVIIIe siècle, servant de source d’inspiration à de nombreux artistes.

Ce groupe, répertorié en 1892 au n° 91 du catalogue Keller et Guérin de la manufacture de Lunéville, représente les amants enlacés, vêtus d’un simple drapé laissant leur torse découvert. Adonis, assis sur un rocher, tient son carquois en bandoulière. Le bras gauche levé, sa main devait tenir une flèche, aujourd’hui manquante. Dominant le jeune homme, la déesse est assise sur des nuées, sa main droite dans celle laissée libre du jeune homme, entourant de son bras gauche les épaules de ce dernier. Les yeux dans les yeux, les visages rapprochés, Vénus et Adonis semblent prêts à s’embrasser. Aux pieds des nuées, un chien les observe. Cette scène fait sans doute référence au repos des deux amants entre deux parties de chasse, peut-être le moment où Vénus met en garde Adonis contre la férocité des lions. Un autre modèle de ce groupe apparaît dans les registres des ventes de la manufacture de Saint-Clément en 1768 et 1770 tandis que trois autres versions, éditées à la manufacture de Saint-Clément, à Toul-Bellevue et à Niderviller, représentent le moment où Vénus arrive au secours d’Adonis blessé. Si le modèle de la manufacture de Lunéville n’est pas attribuable à Paul-Louis Cyfflé, l’artiste semble néanmoins avoir traité ce sujet mythologique ainsi que l’illustre un groupe conservé au Victoria and Albert Museum de Londres (CIRC.110-1951). Portant la marque de sa manufacture et les initiales du repareur Jean-Baptiste Grandel, il représente la déesse endormie surprise par un chasseur qui est sans doute Adonis.

Marie Pintre

Bibliographie :

NOËL (Maurice), « La petite statuaire lorraine en céramique : reflet de l’Europe des lumières », Mémoires de l’Académie nationale de Metz, t. X, 2006-2007, p. 279.

CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 66, 71, 80, 82, 99, 158-159.