La Nativité
Manufacture de Toul-Bellevue
Manufacture de Toul-Bellevue (direction de Jules Aubry)
Paul-Louis Cyfflé (auteur du modèle)
1860 - 1898
Biscuit de terre de pipe
H. 16,5 ; L. 17 ; P. 13 cm
Inv. III.817.1
Don de Roger, Xavier, Étienne, Michel et Bernard Aubry, 1927
Cachet de Toul avec initiales JA estampé en creux et inscription Faïencerie de Toul, la Nativité de Cyfflé à la pointe
Le groupe de La Nativité repose sur un piédestal ovale à quatre pieds, orné d’anneaux et de guirlandes de lauriers. Dans une mangeoire remplie de paille, l’Enfant Jésus est couché sur un linge dont les pans sont retenus par la Vierge, vêtue d’une robe, d’une cape et d’un voile couvrant sa coiffure. Réunis autour de la mangeoire, trois hommes adorent le nouveau-né. Pieds nus, ils portent chacun une longue tunique et une gourde. À la droite de la Vierge, Joseph est reconnaissable à sa barbe et à son manteau. Posées au sol à l’arrière de la composition, une scie et une hache évoquent la profession du père de l’enfant. Sa main droite est cassée mais, sur un autre groupe conservé, le personnage tient une bougie. Un autre homme, lui-aussi barbu, est agenouillé devant la mangeoire. Le troisième, plus jeune, imberbe et les cheveux courts, se tient en retrait du groupe. Une brebis allongée complète la scène.
D’après l’inventaire du mobilier de la chartreuse de Bosserville,rédigé en 1790, le salon du monastère contenait notamment un « groupe de la faïencerie de M. Chifflet de Lunéville représentant la Nativité », confirmant ainsi la paternité de la composition au sculpteur Paul-Louis Cyfflé. Dans le catalogue de la Manufacture de Toul-Bellevue, édité par Bayard père et fils vers 1778, on relève La Naissance du sauveur, quatre figures, et l’enfant dans le berceau, groupe monté sur un piédestal. Les catalogues des tarifs de Jules Aubry, vers 1875, et de Georges Aubry, vers 1898, désignent quant à eux un groupe de La Nativité. Cet exemplaire qui porte les initiales de Jules Aubry a dû être réalisé entre 1860 et 1898.
Située au contact des pays protestants, la Lorraine s’inscrit aux XVIIe et XVIIIe siècles comme l’un des bastions de la reconquête catholique, avec une forte implantation de la Compagnie de Jésus, des Sœurs de Saint-Charles et des chanoines réguliers de Saint-Augustin. Cette composition a été rapprochée d’un tableau de François Boucher représentant L’Adoration des bergers conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon. L’œuvre, peinte en 1750 pour l’autel de la chapelle privée de Madame de Pompadour au château de Bellevue, a été gravée en 1761 par Étienne Fessard (1714-1777) sous le titre La Lumière du monde. La composition du biscuit est pourtant bien différente de celle de Boucher dans laquelle le nouveau-né, tenu par sa mère sous le regard bienveillant de Joseph, est adoré par un homme, deux femmes et deux jeunes enfants dont l’un tient une colombe.
Marie Pintre
Bibliographie :
NOËL (Maurice), « Recherches sur la céramique lorraine au XVIIIe siècle », thèse non publiée, Université de Nancy, 1961, p. 194.
NOËL (Maurice) et STEINBACH (Daniel) in BASTIAN (Jacques), sous la dir. de, Notice dans Faïences de Lorraine, 1720-1840 : collections du Musée Historique Lorrain, [cat. exp. Nancy, Musée Historique Lorrain, 14 mai-29 septembre 1997], Nancy, éditions du Pays Lorrain, 1997, pp. 215-216.
NOËL (Maurice), « Les acquéreurs de statuettes en terre de Lorraine », Le Pays lorrain, Nancy, 1998, p. 38.
HORIOT (Maïté), Paul-Louis Cyfflé et les terres de Lorraine aux XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du Musée Historique Lorrain, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art sous la direction de François PUPIL et Francine ROZE, Université de Nancy 2, 2002-2003, pp. 159-160, n°76.
NOËL (Maurice), « La petite statuaire lorraine en céramique : reflet de l’Europe des lumières », Mémoires de l’Académie nationale de Metz, t. X, 2006-2007, pp. 280-281.
CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 93, 174, 175.