La Madeleine au miroir

XVIIe siècle
Huile sur toile
H. 78,2 ; H. 83,2 cm
Inv. 2001.5.1
Achat, 2001

À la fin de l’année 2000, un tableau qui avait été publié dans le catalogue de l’exposition de 1997 consacrée à Georges de La Tour au Grand Palais refait surface sur le marché de l’art. À l’exception de sa présence dans la collection Dulac dans les Alpes Maritimes en 1965, on ignore tout sur l’historique de cette œuvre acquise au début de l’année 2001 par le Musée lorrain pour la somme de 150 000 francs. Le sujet est emblématique de l’œuvre de Georges de La Tour. Il s’agit de la Madeleine pénitente dont quatre versions principales et de nombreuses copies sont aujourd’hui connues. La toile du Musée lorrain reprend la même composition que la Madeleine au miroir, parfois appelée Madeleine Fabius, acquise par la National Gallery de Washington en 1974. L’ancienne prostituée y est représentée assise, accoudée contre un meuble, une main soutenant son visage, l’autre posée sur un crâne derrière lequel apparaît la flamme d’une bougie. Posé sur un livre, le crâne se reflète dans un miroir placé devant un panier en osier. La partie inférieure de la toile est plongée dans une pénombre ne permettant pas d’en déceler les détails. Au sein de cette vanité, Marie Madeleine semble perdue dans sa méditation sur ses fautes passées et sur le caractère éphémère de la vie. Les cheveux lâchés selon son iconographie habituelle, elle est revêtue d’une chemise identique à celle de La Femme à la puce laissant transparaître son épaule gauche.

L’étude du tableau de Nancy amène à s’interroger sur le format horizontal de l’œuvre qui ne permet pas de représenter le personnage en pied comme dans la toile de Washington. Les résultats d’une photographie sous rayonnement ultra-violet nous invitent à ne pas négliger l’hypothèse que le tableau ait pu être amputé de sa partie basse. A contrario, il n’est pas impossible que le format actuel soit le format d’origine comme le suggère une gravure conservée à la Bibliothèque nationale partageant le même cadrage horizontal. Le caractère autographe de l’œuvre a pu également être discuté grâce aux comparaisons stylistiques et matérielles des deux tableaux. Outre quelques légères différences de traitement, comme l’orientation du regard vers le miroir à Nancy alors qu’il se perd au delà à Washington, la préparation du tableau de Nancy ne trouve en effet aucune équivalence dans le corpus des œuvres indubitables de l’artiste. Elle reste néanmoins compatible avec une toile lorraine du XVIIe siècle ce qui conduit à considérer cette œuvre comme une copie ancienne d’après La Tour.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

CUZIN (Jean-Pierre), Notice in CUZIN (Jean-Pierre) et ROSENBERG (Pierre) (dir.), Georges de La Tour [cat. exp., Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 3 octobre 1997 – 26 janvier 1998], Paris, Réunion des musées nationaux, 1997, p. 194-196.

REINBOLD (Anne) et MARTIN (Élisabeth), « La Madeleine au miroir de Georges de La Tour », in Le Pays lorrain, 2002, pp. 51-56.