Étendard de la garde d’honneur de Stanislas

XVIIIe siècle
Soie brodée et filée d’argent, fils d’or et d’argent
H. 73,5 ; l. 68 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. D.70.2.6
Dépôt de l’abbé Chayot, curé de l’église Notre-Dame de Bonsecours, 1970

Ce drapeau provient de l’église Notre-Dame de Bonsecours où il se trouvait vraisemblablement présenté près du mausolée du roi de Pologne. Il s’agit d’un carré de soie brodée et tissée comprenant une bordure d’arabesques avec les chiffres couronnés de Stanislas dans les angles supérieurs et des trophées d’armes dans les angles inférieurs. Au centre, une scène allégorique est représentée dans un cartouche. On y voit un arbre aux branches brisées et un aigle couronné prenant son envol depuis un épais nuage vers un soleil irradiant. Cette représentation se comprend de concert avec la devise figurant dans le philactère : Turbine discusso, par summis ferre serenum : « Après la tempête, je puis apporter le calme dans les hauteurs ». Elle semble désigner le destin de Stanislas qui, après avoir connu des moments difficiles en Pologne, trouve enfin la paix en Lorraine où il dispense ses bienfaits à ses nouveaux sujets.

D’après l’abbé Jérôme, cet étendard serait la reproduction en plus petit du drapeau qui aurait été envoyé au roi de Pologne par les habitants de Dantzig en souvenir du siège qu’il avait soutenu dans cette ville en 1733. Ce drapeau se trouvait également à Notre-Dame de Bonsecours jusqu’à ce qu’il soit offert le 11 juin 1814 au général Sokolnicki qui dirigeait une délégation d’officiers polonais venus offrir un calice en argent à l’église. Il était prévu qu’il soit placé sur un monument qui serait élevé à la mémoire de Stanislas en Pologne. Après avoir été emmené en Russie en 1831, il revint en Pologne un siècle plus tard après la paix de Riga. Exposé quelques temps au palais royal de Varsovie, le drapeau est aujourd’hui conservé dans cette même ville au musée de l’Armée. La plus petite version resta dans l’église nancéienne jusqu’en 1970, date à laquelle elle fut placée en dépôt au Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain.

Les deux bannières correspondent à un type d’étendard mis en place en France au XVIIe siècle par les compagnies de la Maison du roi. Dans la majorité des cas, les mestres de camp propriétaires des régiments choisissaient une allégorie accompagnée d’une devise, généralement en latin. Très fréquemment, les symboles représentés étaient des lions ou des oiseaux regardant ou volant vers l’astre solaire, illustrant ainsi la soumission au pouvoir royal. L’étendard de la garde d’honneur de Stanislas ne provient donc très vraisemblablement pas de Dantzig mais a dû être réalisé à son arrivée en France ou en Lorraine, sur le modèle des étendards français, afin d’être porté par sa garde d’honneur composée de six compagnies de gendarmerie française concédées à Stanislas par son gendre. Ce type de bannière était porté par un cavalier sur une hampe, surmontée d’une pique, maintenue dans l’étrier droit du harnachement du cheval. 

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

Reçu en dépôt de l’abbé Chayot, curé de Notre-Dame de Bonsecours en 1970.

Bibliographie :

JÉRÔME Léon, L’église Notre-Dame de Bon-Secours à Nancy, Nancy, imprimerie René Wagner, 1898, p. 284.

CHARRIE Pierre, Drapeaux et étendards du roi, Paris, Le Léopard d’or, 2012, p. 152.