Statue éphémère représentant une vertu

Anonyme
XVIIe ou XVIIIe siècle
Bois recouvert de tissus encollés et peints, ensemble rembourré avec de la paille
H. 150 ; l. 50 ; P. 40 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2016.0.442
Fonds ancien

Sous l’Ancien Régime, les grands évènements de la vie de cour comme les Joyeuses Entrées des souverains dans une ville ou bien leurs funérailles sont l’occasion de déployer des décors fastueux à la hauteur du personnage mis à l’honneur. Ces réalisations sont la plupart du temps  éphémères et ont vocation à être ensuite détruites ou réemployées. Après la mort de Stanislas, de nombreux services funèbres sont commandés à la mémoire du défunt par les différents corps constitués et les artistes les plus célèbres de la cour de Lorraine sont chargés de réaliser ces grands décors.

La partie la plus importante de ces scénographies funèbres était le catafalque, placé au centre de la nef ou du chœur de l’église, qui constituait un substitut symbolique de la dépouille du défunt lorsque celle-ci avait déjà été inhumée. À la cour de France, les artistes des Menus Plaisirs avaient pour mission de créer les éléments qui le composaient ou bien de réutiliser des pièces existantes. Ils cherchaient néanmoins à donner l’impression d’utiliser uniquement des matériaux nobles comme le mentionne les comptes de la pompe funèbre célébrée pour Stanislas à Notre-Dame de Paris le 12 juin 1766. On évoque ainsi la figure de la Lorraine composée à partir d’une sculpture de carton préexistante tirée du magasin ainsi que quatre vertus réalisées en carton imitant le marbre blanc.

Cette œuvre fait partie d’un ensemble exceptionnel de quatre sculptures retrouvées il y a quelques années dans un grenier de l’église des Cordeliers de Nancy. Il s’agit très vraisemblablement de statues réalisées pour un décor éphémère comme le signalent les matériaux qui les composent : du socle part un long tronçon de bois autour duquel s’organise la figure. Seuls le visage, les mains et les pieds sont en bois sculpté tandis que l’ensemble du costume est constitué de tissus de différentes épaisseurs et textures recouverts d’une couche de préparation qui permet de les maintenir. Les volumes étaient rendus par le rembourrage intérieur en paille. Ces quatre statues qui représentaient sans doute des vertus ont pu être placées aux quatre angles d’un catafalque afin d’illustrer les qualités d’un défunt. Elles constituent un très rare exemple de ce type d’œuvre dont la vocation n’était pas d’être conservée.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

CONDAMINE Romain, « Entre héritage fonctionnel et renouveau décoratif. Les pompes funèbres de Michel-Ange Challe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Europa Moderna, revue d'Histoire et d'Iconologie, no 4,‎ 2014.