La grande cour de la faculté de Pont-à-Mousson
Jean Appier dit Hanzelet (fils)
Jean Appier dit Hanzelet (fils) (1596, Haraucourt (54) – ?, 1647)
1623 (plaque) ; XIXe siècle (tirage)
Gravure au burin et à l’eau-forte
H. 26,5 ; l. 36 cm (feuille)
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2008.0.2566
Fonds d’arts graphiques (probable retirage de la plaque de cuivre issue du legs René Wiener, 1939)
Hanzelet fils, graveur au moins à partir de 1617, exerce comme imprimeur juré du duc de Lorraine et de l’université de Pont-à-Mousson. Il aurait quitté la Lorraine pour l’Italie en 1630, après avoir été démis de ses fonctions pour avoir imprimé un ouvrage sans autorisation.
Avec la série des chars, cette estampe illustre la relation des fêtes religieuses, universitaires et théâtrales organisées entre le 23 juillet et le 1er août 1623 par les jésuites à l’occasion de la canonisation (1622) des fondateurs de la Compagnie, Ignace de Loyola et François Xavier. Le recueil, au titre éloquent (Les honneurs et applaudissements rendus par le college de la Compagnie de Jesus, université & bourgeoisie du Pont-à-Mousson en Lorraine l’an 1623…), est dû dans sa version originale latine au P. Louis Wapy (1586-1638), recteur de l’université à la fin de sa vie, traduite en français par le P. Léonard Périn (1567-1638).
Dessinée depuis l’aile droite, la vue est composée comme un décor de théâtre destiné à magnifier l’obélisque dressé en son centre, dont la proportion est surdimensionnée. Les oriflammes qui le flanquent portent l’emblème de la Compagnie : le monogramme IHS, ou Jesus Hominum Salvator, coiffant trois clous (ceux du Christ crucifié), surmonté de la croix, le tout inscrit dans un soleil.
Ces célébrations, dont les récits et l’illustration doivent entretenir la mémoire, témoignent du prestige dont jouit l’université de Pont-à-Mousson. Elle a été fondée par une bulle du pape Grégoire XIII, en 1572, après que le cardinal de Lorraine (déjà à l’origine de la fondation de celle de Reims) eut dû renoncer à son projet initial d’une implantation à Metz. La formation intellectuelle, notamment en droit et en théologie, est devenu un enjeu politique dans la lutte contre la Réforme. Le choix de Pont-à-Mousson, situé dans le duché de Lorraine sans en être la capitale, permet au duc de Lorraine de doter son duché d’une université, élément de prestige incontestable pour le souverain ; à « la dorsale catholique », axe de défense jalonné de nouvelles universités confiées aux jésuites (Douai, Molsheim), d’être renforcée.
Hélène Say-Barbey
Bibliographie :
WAPY Louis, Les Honneurs et les applaudissements…, Pont-à-Mousson, 1623.
SAVE Gaston, « Jean Appier Hanzelet », Nancy artiste, 1887, p. 7.
FAVIER Justin, « Jean Appier et J. Appier dit Hanzelet, graveurs lorrains du XVIIe siècle », Mémoires de la Société d’archéologie lorraine, 1890, p. 321-353.
RONSIN Albert, « L’éditeur Sébastien Cramoisy et l’université de Pont-à-Mousson », L’université de Pont-à-Mousson et les problèmes de son temps. Actes du colloque organisé par l’institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de Nancy (Nancy, 16-19 octobre 1972), Nancy, 1974, p. 345-363.