Demi-armure de « corassier »

Allemagne ou Hollande

Allemagne ou Hollande
Vers 1630
Fer forgé, noirci, laiton
H. 1,90 ; l. 0,77 ; P. 0,50 m
Paris, Musée de l’Armée, G 104/2015.0.94

Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, les cavaliers lourds ou gendarmes conservent l’armure complète. S’ils ont délaissé la lance, dont le maniement nécessite des chevaux très entraînés et de haut prix, ces « corassiers » ou « pistoliers », regroupés en épais escadrons, utilisent surtout le pistolet à rouet dont ils détiennent une paire dans les fontes suspendues à l’avant de leur selle. Ces instruments peu précis et de faible portée leur permettent d’atteindre à distance les bataillons d’infanterie, sans se heurter aux longues piques dont ils sont hérissés.

Vulnérables aux balles des mousquets, armes à feu de fort calibre qui défendent en général les angles des unités de fantassins, les corassiers se protègent de la tête aux genoux d’armures hâtivement forgées souvent revêtues d’une peinture noirâtre qui dissimule les traces d’outils laissées par l’armurier. Ce noirci dispense ces équipements du long et donc coûteux polissage qui distingue les pièces de qualité supérieure.

Du fait de la multiplication des armes à feu et de la nette augmentation de leur puissance, ces dernières armures à la disgracieuse silhouette atteignent un poids considérable : au début du XVIe siècle, l’armure complète de cavalier avoisine les vingt kilos tandis qu’un siècle plus tard, elle atteint vingt-cinq ou trente kilos, masse préjudiciable aux capacités manœuvrières et à la combativité de la gendarmerie.

Au moment des interventions suédoises dans les combats de la Guerre de Trente Ans, le roi Gustave Adolphe fera renoncer sa cavalerie au port de l’armure et préconisera le retour à la charge au galop, l’épée au poing. Les dernières armures seront abandonnées sans regret par les cavaleries européennes vers 1650.

Olivier Renaudeau

Bibliographie :

CHAUVIRÉ Frédéric, « Face au feu, les mutations de la cavalerie dans la seconde moitié du XVIe siècle », dans CHAUVIRÉ Frédéric et FONCK Bertrand (sous la dir.de), L’âge d’or de la cavalerie, Paris, éditions Gallimard/Ministère de la Défense, 2015, pp. 44-59.