Demi-armure de siège
Atelier français
Atelier français
Demi-armure de siège à l’emblématique de Lorraine
Vers 1630
Fer forgé, bleui et gravé, laiton doré, soie
H. 68 ; l. 39 cm ; pds environ 30 kg
Paris, Musée de l’Armée, inv. G 158
Ce petite harnois est très caractéristique des excès ayant affecté l’art de l’armure peu de temps avant la disparition de ces équipements ; bien que ne couvrant que le torse et la tête, cette protection dépasse les trente kilos, ce qui la rend inutilisable à cheval ou au combat et la rapproche de ces armures destinées à protéger un officier supérieur « allant à la tranchée » pour inspecter les défenses de l’ennemi à l’occasion d’un siège. Le plastron, doublé par un épais renfort de plus d’un centimètre d’épaisseur, comme la défense de tête, couvrante et pesante, le mettait à l’abri d’une balle de mousquet tirée par l’adversaire.
Cette armure d’assez médiocre exécution, ce qui est le cas de la plupart de ces pièces tardives, se singularise par ses éléments emblématiques : Les rivets de laiton qui maintiennent la garniture textile intérieure, dont de nombreux vestiges ont survécu, sont en effet façonnés en forme de petites croix de Lorraine régulièrement semées en bordure des pièces.
Provenant du cabinet des armes du château des ducs de Bouillon Turenne à Sedan, où elle était faussement attribuée à Ferry 1er de Vaudémont (1393-1415), frère du duc Charles II de Lorraine, mort à la bataille d’Azincourt, cet équipement a vraisemblablement été offert en cadeau par un des ducs de Lorraine aux seigneurs de Sedan.
Elle a peut-être été réalisée pour le duc Charles IV (1604-1675), peu de temps après son accession au trône lorrain en 1625 ; la succession compliquée du duché (Charles était un Vaudémont et l’héritière légitime était Nicole, sa cousine devenue son épouse), explique peut-être la surenchère emblématique de cette armure, dont l’ornementation affirmait la légitimité - contestée en droit - du nouveau duc.
Oliver Renaudeau
Historique :
Prélevée en 1804 avec l’armurerie du Château de Sedan par ordre du 1er Consul et versée au musée d’Artillerie.