Le siège de La Mothe
Abraham Bosse
Abraham Bosse (1602, Tours - 1676, Paris)
Vers 1634
Gravure à l’eau-forte
H. 18,7 ; l. 41,4 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2007.0.4293
Fonds d’arts graphiques
Les duchés possèdent, au début des années 1630, quelques places fortes, dont les plus éminentes sont Nancy et La Mothe. Cette ancienne ville médiévale du Bassigny a été bastionnée, particulièrement sous Charles III : située sur une forte colline, comme le montre cette vue cavalière, elle verrouille le sud-ouest des duchés tout en menaçant les arrières de l’envahisseur français, comme en 1633-1634.
Le siège de 1634, raconté dans le détail par Nicolas Dubois de Riocourt, débute par une demande au gouverneur Antoine de Choiseul, seigneur D’Ische, de livrer la ville (5 mars 1634). Les Français, commandés par le maréchal de La Force que l’on voit à cheval à gauche de la gravure, prennent position à compter du 8 mars, des villages alentours sont détruits, des fortins établis ; une importante artillerie, drainée de divers places, est progressivement installée : sont alors employés « pots à feu », bombes et grenades. Parmi les victimes de l’artillerie, le gouverneur Antoine de Choiseul est tué le 21 juin sur le pont du retranchement.
Le siège est dur pour les habitants et la garnison, alors commandée par Sarrazin de Germainvillers. Dans la nuit du 25 au 26 juillet, une mine saute sous le bastion Saint-Nicolas, ouvrant ainsi une brèche. Le lendemain, un conseil décide de la reddition. Suite à cette défense honorable, l’accord est rapidement trouvé avec le maréchal de La Force. Le 28 juillet, le régiment de Navarre entre dans la place et la garnison lorraine sort, mèches allumées.
Cette victoire donne lieu à une propagande royale assez intense, dont relève cette gravure de Bosse qui suggère la force de la place mais aussi celle des Français et la qualité de leur tactique. La ville subit encore deux sièges, en 1642 et surtout en 1644-1645, lequel entraîne sa destruction définitive et l’éparpillement de la population.
La Mothe entre alors définitivement dans le souvenir de la résistance lorraine - notamment à travers l’image de frère Eustache qui participa aux combats - avant d’être récupérée, après 1870, pour incarner l’idée de résistance face à l’Allemand…
Laurent Jalabert
Bibliographie :
CAGNAT Amédée, « Le premier siège de La Mothe », Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 1914-1919, p.5-120.
Duc de La Force,Le Maréchal de La Force, serviteur de sept rois (1558-1652), Paris, Table Ronde, 1950.
CHARLES Jean, La Mothe-en-Bassigny - Place forte de la Lorraine face à la France, Reims, Dominique Guéniot, collection Itinéraire du Patrimoine, 2002.
SIMMONET Jules, Relation des sièges et du blocus de La Mothe (1634, 1642, 1645), par Du Boys de Riocour, Langres, 2008 (fac-similé de l'édition de 1861).