Portrait de Pierre Fourier
École lorraine
École lorraine
XVIIe siècle
Huile sur cuivre
H. 61 ; l. 49,7 ; P. 10 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 69.3.4
Achat, 1969
Parmi les figures incarnant le succès, l’ampleur et l’originalité de la Réforme catholique en Lorraine dans la première moitié du XVIIe siècle, le nom de Pierre Fourier, chanoine et curé, réformateur et fondateur d’ordres, est incontournable. En 1636, il est exilé à Gray en Franche-Comté à la suite des déboires du duc Charles IV qu’il a soutenu fidèlement contre les Français. Il y meurt en odeur de sainteté en 1640. Celui qu’on qualifiait alors de « Bon Père » est déjà une figure familière et les nombreux portraits réalisés de son vivant en attestent tout en construisant une image emblématique de l’homme et de son action pastorale tous azimuts.
La toile prend le parti de célébrer avant tout le réformateur de l’ordre canonial de Saint Sauveur (1628). Revêtu de la robe noire de la Congrégation, il porte la simarre (banderole) blanche de la maison de Chaumoussey, fixée derrière le cou, laquelle tombe sur la poitrine de gauche à droite. Présenté de trois-quarts et en buste, sans aucun ornement susceptible de distraire le spectateur, Pierre Fourier présente le visage paisible du pasteur inspiré et néanmoins marqué par la multiplicité et la lourdeur des tâches qu’il assume. Outre l’œuvre de réorganisation de l’institution des chanoines, le peintre a en effet choisi de mentionner à travers l’inscription du pourtour les deux autres œuvres caractérisant sa charité en action : passionné par les œuvres éducatives, il est « Instituteur des R[eligieuses] de la Cong[régation] N[otre] Dame », ordre voué à l’instruction populaire, fondé en 1597 avec Alix Le Clerc. Cette jeune dévote est originaire d’une paroisse vosgienne où Pierre Fourier exerce comme « curé de Matainc[our]t » depuis cette même année.
Prédicateur confirmé, missionnaire des frontières, conseiller politique et directeur de conscience, Pierre Fourier est sans nul doute le modèle du prêtre idéal selon les vœux du Concile de Trente.
Stefano Simiz
Bibliographie :
BOUVET Mireille, « L’iconographie de Saint Pierre Fourier », dans TAVENEAUX René (sous la dir. de), Saint Pierre Fourier en son temps, Nancy, PUN, 1992, p. 177-195.
CHRISTIN Olivier et ROZE Francine (sous la dir. de), Un nouveau monde, naissance de la Lorraine moderne [cat. exp., Nancy, Musée lorrain, 4 mai - 4 août 2013], Paris, Somogy éditions d'art, 2013, cat. 214, p. 348-349.