Portrait équestre de Madame de Saint-Baslemont
Claude Deruet
Claude Deruet (1588, Nancy - 1660, Nancy)
1646
Huile sur toile
H. 374 ; l. 408 ; P. 16 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 52.3.1
Achat au Juvénat des Frères Maristes à Aulnois-sur-Seille, 1952
L’une des « Amazones chrétiennes » du milieu du XVIIe siècle, voilà comment le Père de Vernon qualifie Alberte-Barbe d’Ernécourt, veuve du sieur lorrain de Haraucourt, dans un livre écrit peu de temps après sa mort. Claude Deruet la représente en 1646, en majestueuse écuyère montant parfaitement un cheval caracolant en avant-plan d’un paysage vallonné et verdoyant, celui de ses terres seigneuriales de Neuville-en-Verdunois. D’une taille considérable, la toile reproduit quelques-uns parmi les hauts faits accomplis par cette héroïne si singulière, faisant face aux malheurs des temps, et notamment à la guerre de Trente Ans qui meurtrit les territoires lorrains, entre 1635 et 1646.
Jeu sur l’espace et le temps, le procédé narratif retenu, celui de la simultanéité, permet de la situer dans au moins vingt lieux à la fois, se mouvant au milieu d’une foule de plus de 700 figurants. Madame de Saint Baslemont est d’abord une guerrière, commandant par son écharpe blanche et sa maîtrise des armes une milice privée composée de cavaliers et de paysans. Les escarmouches contre les soldats et mercenaires indisciplinés, « cravattes » et autres, souvent victorieuses, disent à quel point notre Minerve a d’abord sanctuarisé sa petite principauté, devenue un refuge, tout en honorant son alliance française de gardienne des frontières occidentales. Dévote et pieuse, attachée à Notre-Dame de Benoîte-Vaux, célèbre sanctuaire sis sur ses terres, elle accueille la statue menacée de 1638 à 1641 en son château de Neuville qui se substitue alors au centre de pèlerinage. Enfin, elle anime dès avant la guerre une académie féminine musicale et littéraire, dont une réunion champêtre est figurée sur le tableau.
Résumé d’une vie peu ordinaire glorifiée par les trois angelots (lettres, armes et piété mariale), la peinture se sert de la réalité pour faire passer un message allégorique, celui d’une terre demeurée prospère malgré les menaces et calamités, havre de paix et de prospérité, effets du bon gouvernement politique et chrétien d’une femme d’exception.
Stefano Simiz
Audioguide station 8 : Claude Deruet, Portrait équestre de Madame de Saint Baslemont
Bibliographie :
PARISET François-Georges, « Les Amazones de Claude Deruet », Le Pays Lorrain, 1956, p. 97-114.
CUENIN Micheline, La dernière des Amazones, Madame de Saint-Baslemont, Nancy, PUN, 1992.
MARTIN Philippe, Une guerre de Trente Ans en Lorraine, 1631-1661, Metz, éditions Serpenoise, 2002, p. 238-239.
CHONÉ Paulette, « La Dame de Neuville », Le Pays Lorrain, vol. 84, novembre 2003, p. 243-254.