Saint Roch, saint Sébastien, saint Charles Borromée mettant Nancy sous la protection de N.-D. de Lorette

Rémond Constant

Rémond Constant (1575, Nancy – 1637, Nancy)
1636
Huile sur toile
H. 310,5 ; l. 247,5 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 58.1.1
Don des Soeurs de Saint Charles de Nancy, 1958

Peintre de la cour de Lorraine, Rémond Constant a souvent placé Nancy au cœur de ses principales compositions. L’épisode raconté ici renvoie au malheur de la peste qui touche la cité au début des années 1630 et à la protection divine obtenue par l’intercession des saints.

Dans la partie inférieure de la toile est représentée Nancy au paysage rythmé par ses clochers et tours, encore protégée par les puissantes murailles qui unissent depuis peu Ville Vieille et Ville Neuve. Tout autour, le mal contagieux s’est déjà répandu : au loin, les pestiférés sont traités à l’hôpital de Maréville et dans les loges supplémentaires, baraques ou « bordes », érigées en lisière de la forêt de Haye ; au bas de la toile, un couple sort d’un lazaret le corps de leur enfant mort drapé d’un linceul, consolé par un prêtre, Claude Beaujan, commanditaire de la peinture. À leurs côtés, un homme soigne un malade assis, un second manipule avec une baguette des objets contaminés tandis qu’un tombereau chargé de dépouilles passe dans la plaine.

Mais les attitudes médicales et préventives de prophylaxie et l’établissement d’un cordon sanitaire ne peuvent suffire, aussi se tourne-t-on vers le Ciel, au registre supérieur. Trois immenses saints suspendus, à genoux sur un nuage, visages confiants tournés vers le haut et paumes de la main ouvertes en direction de la ville, relaient la supplication des fidèles. Leur prière est soutenue par celle des anges situés au-dessus d’eux. La présence des deux saints antipesteux Sébastien et Roch (ce dernier sous les traits de Claude Beaujan) est déjà forte à Nancy où ils sont désignés patrons des paroisses de la Ville Neuve dès 1593. Ils sont ici représentés de façon classique : Sébastien avec les flèches symbolisant le mal ôtées des plaies et Roch avec le bubon guéri sur sa cuisse. Quant à saint Charles Borromée, archevêque de Milan dont le culte se répand alors en milieu catholique, il fit face au mal en 1576 à Milan, et Constant l’a déjà peint, avec Sébastien, dès 1610, année de sa canonisation.

Au sommet de la chaîne visible d’intercession, se trouve la Vierge de Lorette, assise sur le toit reconnaissable de la Santa Casa, à qui la ville s’est spécialement vouée en 1632. Elle indique les saints à son Fils lequel bénit la scène et apporte son secours divin, une assistance efficace justement remerciée par cet ex-voto peint.

Stefano Simiz

Bibliographie

CHOUX Jacques, « Deux toiles de Rémond Constant au musée Lorrain », Le Pays Lorrain, 1958, p. 91-99.

MARTIN Philippe, Une guerre de Trente Ans en Lorraine, 1631-1661, Metz, éditions Serpenoise, 2002, p. 262-263.