Vue de la place Royale de Nancy depuis l’hôtel de ville

Anonyme
Entre 1757 et 1761
Gouache sur papier bleu, cadre en bois doré
H. 33,8 ; l. 52 cm (avec le cadre)
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 2003.11.1
Achat, 2003

Au milieu du XVIIIe siècle, de nombreuses gouaches, aquarelles ou vues d’optiques témoignent de la popularité de l’œuvre urbanistique et architecturale de Stanislas. Ces vedute le plus souvent anonymes s’inspirent des gravures de Lerouge (1752), Belprey (1754), de Dominique Collin (1725-1781) ou du Recueil d’Emmanuel Héré (1753).

Cette gouache, au cadre très simple, fait partie d’une paire acquise en 2003 par le Musée lorrain. L’autre pièce montre la place de la Carrière où vaquent des soldats du Royal-Lorraine dont l’uniforme a permis la datation du dessin (après 1757). L’œuvre est largement inspirée de la Vue septentrionale de la place Royale de Dominique Collin (1725- 1781), avec un point de vue depuis les balcons de l’hôtel de ville. Elle se différencie de son modèle par le dessin des barrières des lices qui entourent la place, séparant le haut du pavé de l’espace de circulation et qui ont été restituées lors de la restauration de 2005.

Le peintre a accentué la verticalité des élévations donnant à la place un caractère plus fermé que la réalité et a laissé entrevoir les vestiges des fortifications avec les oreillons des bastions de Vaudémont et d’Haussonville derrière les grilles de Jean Lamour (1698-1771). Quelques personnages à pied ou en chaise à porteur donnent une touche pittoresque à cette vue d’architecture dont le réalisme est accentué par la représentation des toits de la vieille ville et du clocher de l’église Saint-Epvre élevée entre 1436 et 1451 et détruite en 1863. Au centre, la statue de Louis XV, sur son piédestal cantonné d’allégories, est clairement mise en exergue par la présence d’une grille ouvragée qui fait césure avec l’espace public.

Mireille-Bénédicte Bouvet

Sources :

Compte général de la dépense des édifices et bâtimens que le roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar a fait connaître pour l’embellissement de la ville de Nancy, depuis 1751 jusqu’en 1759, Lunéville, Impr. Claude François Messut, 1761.

Bibliographie :                                   

MAROT Pierre, « Emmanuel Héré », Annales de l'Est, 1954, n°1, p. 3-44.

PUPIL François, Recherches sur les architectes de Nancy de la mort de Héré à la Révolution, thèse, Université de Nancy, soutenue en 1968, p.26.

PFISTER Christian, Histoire de Nancy, réed., Nancy, 1974, t. II, p. 227-228.

SIMONIN Pierre et CLÉMENT Roland, Ensemble architectural de Stanislas, Nancy,Vent d'Est, 1985, 47 p.

COLLIN Jean-Marie, « Le palais du Gouvernement et l’hémicycle de la Carrière », dans Nancy avant la Révolution, Nancy, J.-M. Collin, 2002, p. 278-282.

BOUVET Mireille-Bénédicte, « Les places de Nancy au XVIIIe siècle », dans GADY Alexandre de PÉROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie (sous la dir. de), De l’Esprit des villes, Nancy et l’Europe urbaine au siècle des Lumières, 1720-1770, Versailles, Artlys, 2005, p.71-81.