Bas-relief au profil de la Vierge et ensemble d’objets de toilette en bois de Sainte-Lucie

Lorraine

Lorraine
1er quart du XVIIIe siècle
Bois (prunus mahaleb) sculpté

Médaillon au profil de la Vierge
H. 38 ; l. 29 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.0.187
Legs René Wiener, 1939

Paire de flambeaux
H. 17 ; D. 12 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.5.39 1 et 2
Legs René Wiener, 1939

Coffret
H. 11 ; l. 28 ; P. 19 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.5.1
Legs René Wiener, 1939

Coffret dit « carré de toilette »
H. 13 ; l. 29 ; P. 22 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.5.5
Legs René Wiener, 1939

Boîte à poudre
H. 13,5 ; D. 11,9 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.5.13
Legs René Wiener, 1939

Brosse aux armes de Beauvilliers de Saint-Aignan, évêque de Beauvais
H. 4 ; l. 16 ; P. 4 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain,
inv. 39.5.38
Legs René Wiener, 1939

Miroir de toilette
H. 56 ; l. 46 ; P. 33 cm
Lunéville, Musée du château des Lumières, inv. 2008.3.23
Achat, 2008

Un cerisier sauvage, le prunus mahaleb, pousse dans une forêt proche de Sampigny, dans la Meuse, dédiée à Sainte-Lucie. On tailla tout d’abord des chapelets dans ce bois d’un brun rouge profond, dont la densité autorise une sculpture fine et vigoureuse. Le répertoire religieux s’est imposé au cours du XVIIe siècle, avec les crucifix et les figures de saints sous forme de statuettes ou de bas-reliefs. Le bois de Sainte-Lucie gagne ses lettres de noblesse en intégrant les lambris de la somptueuse chambre que le maréchal de la Ferté-Senneterre, gouverneur de Lorraine, fait décorer en 1655 dans les appartements ducaux du palais de Nancy. La faveur semble lancée et la gamme des objets s’élargit : bénitiers, râpes à tabac, écritoires, pièces d’échec, plaques de lumière…

L’une des premières spécialités est la fabrication d’accessoires liés aux gestes de beauté. Les tables de toilette se garnissent de cadres de miroir, de brosses à habit, de flambeaux, de boîtes à « pelote » pour ficher les épingles, mais aussi de boîtes circulaires contenant les poudres cosmétiques, auxquels s’ajoutent les « carrés » où l’on range peignes, rubans et autres pots à fard. Ces objets apparaissent dans les inventaires de l’aristocratie lorraine au début du XVIIIe siècle, quand cette production connaît son apogée. On trouve aussi de petits meubles réalisés dans cette essence, à l’image de l’écran de cheminée du château de Frouard, propriété du marquis de Lunati-Visconti. En 1712, Nicolas Humbert, menuisier à Euville, livre même pour le princesse de Vaudémont « une commode de boÿs de Sainte Lucie » (Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 12437).

Pierre Marot a rendu à plusieurs ateliers nancéiens cette production lorraine de renom, que le XIXe siècle avait attribuée au seul César Bagard. Elle rencontre un réel succès commercial à Paris, profitant sans doute des lois somptuaires de la fin du XVIIe siècle, qui encadrent très strictement l’usage des métaux précieux. Ses rinceaux feuillagés et fleuris lui permettent de rivaliser avec les pièces d’orfèvrerie. Le décor louis-quatorzien s’adoucit de colombes ou d’autres symboles matrimoniaux, notamment sur les ensembles de toilette offerts pour les noces. Ils peuvent aussi servir de présents diplomatiques, symboles d’un art de cour lorrain rayonnant, lorsqu’ils sont réalisés par les meilleurs sculpteurs du duc Léopold, comme Jean Vallier ou Regnauld Mesny.

Thierry Franz

Sources :

Nancy, Archives départementales de Meurthe-et-Moselle : B 1551 et 1585.

Expositions :

La Toilette de Flore : secrets de beauté du XVIIIe siècle, Lunéville, Musée du château des Lumières, 2008

Sully au temps de la fête galante, Sully-sur-Loire, Château de Sully, 2011-2012

Bibliographie :

DEMORIANE Hélène, « À la lumière de récentes découvertes, voici enfin révélée la véritable origine des prétendus bois de Bagard », Connaissance des Arts, janvier 1968, p. 90-92.

HUMBERT Chantal, Les Arts décoratifs en Lorraine, de la fin du XVIIe siècle à l’ère industrielle, Paris, éditions de l’Amateur, 1993.

MAROT Pierre, « Recherches sur les « sculpteurs en bois de Sainte-Lucie » : les Foullon », Le Pays lorrain, 1968, n°1, p. 1-46.

WIENER Lucien, « Sur les sculptures en bois attribuées à Bagard », Journal de la Société d’archéologie lorraine, 1874, p. 119-129.