Mémoire sur le duché de Lorraine

Jean-Baptiste d’Audiffret

Jean-Baptiste d’Audiffret (1657, Marseille – 1733, Nancy)
1703-1733
Manuscrit
H. 33,2 ; l. 45, 6 cm (ouvert)
Nancy, Bibliothèque municipale, Ms 782 (133)

Gentilhomme originaire de Marseille, Jean-Baptiste d’Audiffret fit sa carrière au service de la diplomatie française. En 1698, il est tout d’abord Envoyé extraordinaire de Louis XIV auprès des ducs de Mantoue, de Parme et de Modène, puis en juillet 1703, il est nommé aux mêmes fonctions auprès de la cour du duc Léopold de Lorraine à qui le roi de France a rendu ses états six ans plus tôt. Il se révèle être en réalité un véritable espion et entreprend une importante correspondance avec la cour de France. Son Mémoire sur le duché de Lorraine est une étude extrêmement intéressante et détaillée où il évoque successivement l’origine et la constitution du duché, les titres et qualités revendiqués par le duc, les différentes institutions existantes, les troupes et revenus ducaux ou encore les manufactures lorraines.

Au sein de ce mémoire transparaît également le caractère caustique de Jean-Baptiste d’Audiffret dont le ton n’est pas sans rappeler parfois celui du duc de Saint-Simon. Pour lui, le caractère des Lorrains est d’être « glorieux, ingrats, insolents (…) d’un esprit borné et pesant, d’où le proverbe est venu que l’esprit en Lorraine est tombé en quenouille ». Ils haïssent les Français et sont « affectionnés aux allemands auxquels ils ressemblent assez ». Les membres de la famille ducale et de la cour sont successivement passés au crible de son jugement sévère. François III est ainsi « naturellement dur et peu compatissant, d’une hauteur extraordinaire, et un grand penchant pour la galanterie (…) il est devenu fort allemand depuis qu’il fut envoyé à la Cour de Vienne ». Certains comme le marquis de Beauvau sont expédiés en une phrase lapidaire : « M le Marquis de Beauvau Capitaine a servy en Baviere, violent, temeraire, bavard, peu d’esprit ». Comme tous les ambassadeurs français à l’étranger, Audiffret organise des réjouissances dans son hôtel lors des grands évènements de la cour de France comme lors de la naissance de Mesdames Elisabeth et Henriette en 1727. Le 29 juin 1732, trois ans après la mort de Léopold, il présente ses lettres de rappel à Elisabeth-Charlotte, le roi ne souhaitant pas entretenir un Envoyé extraordinaire dans une cour où le souverain ne réside pas. Il reste néanmoins à Nancy où il meurt le 9 juillet 1733 et est enterré le lendemain en l’église des Minimes.

Pierre-Hippolyte Pénet

Bibliographie :

NICOLAS Jean-François, « Journal de ce qui s'est passé à Nancy depuis la paix de Ryswick conclue le 30 octobre 1697 jusqu'en l'année 1744 inclusivement par le libraire Jean-François Nicolas », Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, 1899, p. 283, 295 et 297.

AUBERT DE LA CHESNAYE DES BOIS François-Alexandre et BADIER Jacques, Dictionnairede la noblesse : contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, Paris, Schlesinger, 1863, t. 1, p. 529