Portrait du prince Louis de Lorraine

Attribué à Jacques Van Schuppen

Attribué à Jacques Van Schuppen (1670, Paris – 1751, Vienne)
Vers 1710
Huile sur toile
H. 41 ; l. 32 cm
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. 1869.702
Acquisition, entre 1855 et 1863

C’est dans la liesse populaire que le premier enfant du duc Léopold, titré prince de Bar, vient au monde le 26 août 1699, mais il succombe quelques mois plus tard. La duchesse Élisabeth-Charlotte donne ensuite le jour à trois princesses avant la naissance de Louis, le 28 janvier 1704. Le baptême est accompagné de fêtes grandioses à Lunéville. Le petit prince est rapidement mobilisé pour contribuer à la diffusion de l’image familiale. Il apparaît tout en boucles blondes au côté de sa mère dans un beau portrait que conserve le Musée lorrain. L’œuvre date du premier séjour à Lunéville de Pierre Gobert, entre 1707 et le début de 1709, séjour au cours duquel le peintre venu de France a vraisemblablement réalisé un autre portrait de Louis (Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 1599). Il pourrait s’agir de l’image charmante où le garçon s’amuse à faire des bulles de savon. Il porte toujours la robe car il n’a pas encore atteint l’âge de « passer aux hommes », fixé à quatre ans en Lorraine. Deux versions en sont connues, la première à Versailles, dont l’identification avec son frère cadet Léopold-Clément reste hypothétique ; la seconde appartient aux collections des ducs de Savoie au château de Stupinigi, probable cadeau de la duchesse de Lorraine à sa demi-sœur, Anne-Marie d’Orléans, épouse de Victor-Amédée II.

Louis doit parfois quitter les jeux de l’enfance pour afficher son statut d’héritier présomptif. La dimension politique apparaît clairement sur une estampe d’après Jacques Van Schuppen, élève à Paris de Largillierre et de Van der Meulen. Les symboles des arts et de la guerre entourent le buste du prince et annoncent son futur rôle de souverain. L’estampe doit être rapprochée de ce portrait officiel au format réduit, peut-être une étude pour un tableau plus important. Louis pose dans le même costume d’apparat que son père, avec le manteau de drap d’or brodé d’alérions et de croix de Lorraine. D’un geste décidé, le bambin s’appuie sur la couronne posée sur la table que soutiennent des figures de Turcs vaincus. Ce rappel des victoires de son grand-père Charles V sur les Ottomans l’inscrit dans la geste familiale et contribue à faire de ce portait un symbole fort de pérennité dynastique. Malheureusement la variole devait l’emporter en mai 1711.

Thierry Franz

Historique :

Acquis entre 1855 et 1863.

Bibliographie :

VOREAUX Gérard, Les Peintres lorrains du dix-huitième siècle, Paris, éditions Messene, 1998.

CHARLES-GAFFIOT Jacques, Le Mobilier d’apparat des palais lorrains sous les règnes des ducs Léopold et François III (1698-1737), Metz, éditions Serpenoise, 2009.

HUMBERT Chantal, « De la turcomachie aux turqueries », dans collectif, Turqueries et autres chinoiseries. L’exotisme en Lorraine au XVIIIe siècle [cat. exp., Lunéville, Musée du château des Lumières, 6 juin – 20 septembre 2009], Ars-sur-Moselle, Serge Domini éditeur, 2009, p. 6-20.