Équipement de deux lansquenets impériaux
Atelier de Nuremberg
Atelier de Nuremberg
Deux demi-armures de lansquenet
Vers 1550-1560
Fer forgé, noirci et partiellement poli
Paris, Musée de l’Armée, inv. 146 PO ; 3416 I, G 150 ;
149 PO ; 2759-4
Atelier allemand
Épée à deux mains
1ère moitié du XVIe siècle
Fer forgé, bois, cuir
L. 1,79 ; l. 0,36 m ; pds 3,300 kg
Paris, Musée de l’Armée, inv. J 11318
Créés dans les années 1480 par l’archiduc Maximilien d’Autriche, les lansquenets (de l’allemand Landsknecht, serviteur du pays) sont des corps d’infanterie mercenaire germaniques qui ont adopté les méthodes de combat popularisées par les confédérés suisses au milieu du XVe siècle. Ces derniers, qui ne possédaient pas de cavalerie, avaient équipé leurs fantassins de longues piques de plus de cinq mètres de long et de hallebardes : ces armes rustiques utilisées au sein d’épais bataillons de piétons rangés en carrés et serrés au coude à coude ont montré une redoutable efficacité lors des conflits entre les cantons suisses et l’Empire, la Bourgogne ou la France.
Leurs concurrents les lansquenets, équipés et armés comme eux, constituaient le gros de l’infanterie impériale au moment du long conflit opposant les Habsbourg et la France pendant toute la première moitié du XVIe siècle. Se vendant au plus offrant, ces mercenaires ont aussi été recrutés par les rois de France entre 1509 et 1515 et ont également participé aux Guerres de Religion.
L’essentiel de l’effectif se partage entre piquiers et hallebardiers (les seconds attaquant les cavaliers freinés dans leur élan par les longues piques des premiers), complétés par des petits groupes d’arbalétriers puis d’arquebusiers.
Peu nombreux au sein de ces unités d’infanterie, les « joueurs d’épée » sont chargés de faire des brèches parmi les piquiers ennemis en écartant ou en coupant les hastes de l’adversaire avec de grandes épées maniées à deux mains. Malgré leur taille spectaculaire, ces armes sont légères et maniables, 3,300 kg pour l’exemplaire présenté dans l’exposition.
Les piétons des premiers rangs portent une demi-armure libérant les bras et les chevilles. À partir des années 1540, les ateliers de Nuremberg produisent en masse ces harnois spécialement conçus pour l’infanterie. Les plus soignés d’entre eux sont polis, mais ce fastidieux fourbissage destiné à masquer les traces des marteaux de la forge est souvent remplacé par une peinture noirâtre sur laquelle se détachent quelques bandes de métal décapées « à blanc ». Ces équipements « de munition », peu coûteux et de piètre qualité, seront utilisés jusqu’au début du XVIIe siècle.
Olivier Renaudeau