Épitaphe de Jean surnommé « le noir », bourgeois de Neufchâteau
Lorraine
Cat. 26
Lorraine
Épitaphe de Jean surnommé « le noir », bourgeois de Neufchâteau
1590
Calcaire
H. 125 ; L. 76 ; Pr. 11 cm
Inv. III.880.N
Legs d’Henri Edme-Gaucher, 1928
Entrée dans les collections du musée en 1928 grâce à l’important legs du néocastrien Henri Edme-Gaucher, cette épitaphe est mentionnée 35 ans plus tôt à Neufchâteau dans le jardin Gérardin par le peintre Gaston Save qui supposait qu’elle pouvait provenir de l’ancien cimetière Saint-Nicolas. Elle rappelle la mémoire d’un bourgeois de Neufchâteau appelé Jean et surnommé « le noir », sergent au service du duc de Lorraine, décédé brutalement le 25 mai 1590 lors d’une escarmouche avec des pillards. Cet épisode s’inscrit probablement dans le contexte des guerres de Religion, la Ligue catholique s’étant réunie dans la galerie des Cerfs du palais ducal de Nancy deux ans auparavant. L’épitaphe est sculptée sur une plaque faisant partie d’un ensemble architectural factice. Au sommet, assis sur la corniche, un ange aux ailes déployées et vêtu d’une tunique tient deux écussons armoriés. Celui de gauche représente vraisemblablement trois roses placées 1 et 2 avec, au milieu, un élément difficilement identifiable. Celui de droite est, selon nous, celui de Claude Thillequin, lieutenant de bailli à Neufchâteau, anobli le 26 avril 1589 : « d’azur à une tour d’argent surmonté d’un lion naissant d’or ». Sur les côtés, d’étranges pilastres auxquels sont accrochés des guirlandes de fleurs s’enroulent à leur sommet en soutenant deux vases situés sous la corniche. Tout en bas, subsistent les ailes d’une tête d’ange disparue. L’inventaire mentionne, au sein du legs, la partie gauche d’une autre épitaphe du XVIe siècle à l’ornementation analogue (inv. III.880.O) avec un génie drapé tenant l’inscription fragmentaire et portant une coupe au dessus de sa tête, un cartouche au centre et, au dessous, une tête d’ange ailé.
Transcription de l’épitaphe :
« Les prestres déployant sur les bons leurs draps noirs
Couvrirent, au grand regret d’ung chacun de ce lieu,
Honorable personne Jean surnommé le noir,
Etant sergent aux armes pour son prince et son dieu,
Dedans le neufchateau dont il était bourgois
Pour lequel défendre avait pris le carquois
Lorsqu’en une escarmouche, la mort très viollente
Le priva de la vie, sans faire plus dattente.
Par de là les cinq-ponts en ung conflit donné
Par des voleurs pillards qu’étoient abandonnés ;
En mai 25, fête de S. Urbain,
En l’an mil cinq cent nonante, tout au loin.
O vous humains passants qui cest escrit lisez
Priez pour le repos du pauvre trespassé. »
Pierre-Hippolyte Pénet
Historique :
Provient peut-être de l’ancien cimetière Saint-Nicolas de Neufchâteau. Mentionnée dans le jardin Gérardin, sur les Petits-Fossés en 1893. Léguée au musée en 1928. Installée en 1980 (?) dans l’église des Cordeliers contre le mur du portail, à gauche du tambour.
Bibliographie :
SAVE (Gaston), « L’église Saint-Nicolas de Neufchâteau », La Lorraine artiste, n° 17, 1893, p. 266.