L’Archange Gabriel - La Vierge Marie

Duc de Lorraine de 1473 à 1508, René II témoigna d’une dévotion particulière envers la Vierge de l’Annonciation, appelée « Nunciade », qu’il fit placer sur son étendard durant la bataille de Nancy du 5 janvier 1477 l’opposant au duc de Bourgogne Charles Le Téméraire. Le duc entendit placer sa capitale sous la protection mariale lorsque furent installées sur la face extérieure de la porte de la Craffe, deux sculptures représentant la Vierge et l’archange Gabriel, accompagnées des armes de René II et de son épouse Philippe de Gueldre ainsi que de deux inscriptions mettant en exergue « Marie espoir seul de Nancy ». Selon Lionnois, ces statues furent à l’origine du changement de nom de la porte, rebaptisée en 1505 « porte Notre-Dame ». En 1615, lorsque celle-ci connut des remaniements sous le règne du duc Henri II, les statues furent conservées et placées dans la niche surmontant la porte avant de disparaître à l’extrême fin du XVIIIe siècle. Il est fort probable que ces deux œuvres soient celles aujourd’hui conservées au Musée lorrain. Elles furent sans doute transférées à la Révolution à l’église Saint-Epvre où elles vinrent remplacer deux statues de saints Pierre et Paul situées de part et d’autre du portail de l’église. Leur dépôt au musée intervint en 1863 lors de la reconstruction de l’édifice.

Les œuvres sont attribuées au sculpteur Jean Crocq qui fut « ymagier, graveur et maitre de pourtraitures du duc de Bar et de Lorraine René II ». Actif à Bar-le-Duc où il dirigea un important atelier, le sculpteur fut notamment chargé de réaliser le monument funéraire de Charles Le Téméraire commandé par le duc de Lorraine pour la collégiale Saint-Georges de Nancy. La trentaine de sculptures qui lui est attribuée se distingue par le traitement très soigné des chevelures, la grande finesse des visages et la richesse des habits souvent ornés d’un galon de perles et de pierreries. La Vierge de Nancy peut être rapprochée de celle conservée dans l’église d’Érize-Saint-Dizier (Meuse) qui possède encore ses mains, l’une posée sur la poitrine et l’autre tenant un livre. Inspiré par la gravure germanique et proche de la sculpture brabançonne, le style de Jean Crocq exerce une influence certaine dans la production artistique lorraine de la Renaissance.

Pierre-Hippolyte Pénet