Vitrail circulaire aux armes de Jean de Lorraine, évêque de Metz

Lorraine

Cat. 12
Lorraine
Vitrail circulaire aux armes de Jean de Lorraine, évêque de Metz
Vers 1510
Vitrail
D. 42,5 cm
Inv. III.1098
Achat à Madame Bastien, 1932

Troisième fils du duc René II, Jean de Lorraine (1498-1550) est le frère du duc Antoine. Évêque de Metz de 1505 à 1543 puis de 1548 à 1550, il fut fait cardinal-diacre au titre de l’église romaine de Saint-Onuphre en 1518 par le pape Léon X mais devint également évêque ou archevêque de Toul, Valence, Thérouanne, Verdun, Luçon, Narbonne, Reims, Albi, Lyon, Agen et Nantes. Ce vitrail proviendrait, d’après l’inventaire du musée, de la région de Vic-sur-Seille, ville de résidence de l’évêque de Metz depuis son éviction par la bourgeoisie messine à la fin du XIIIe siècle. Vitrail domestique, il doit être imaginé, selon Michel Hérold, monté parmi une vitrerie à losanges dans une des baies d’un édifice civil.

Il représente les armes de Jean de Lorraine, identiques à celles portées par son père, le duc René II. Elles sont constituées, en chef, des quatre royaumes de Hongrie, de Sicile, de Jérusalem et d’Aragon, prétentions héritées de la famille d’Anjou, puis, en pointe, des duchés d’Anjou et de Bar et enfin, en abîme, du duché de Lorraine. Suite à la mort du duc Charles de Gueldre en 1538, son neveu, le duc Antoine de Lorraine, adopta les titres de duc de Juliers et de Gueldre. Mais c’est sans doute seulement à partir de 1545 que son fils, le duc François Ier de Lorraine, ajouta en pointe de ses armes les écus de ces deux duchés fixant ainsi les armes dites « pleines » de Lorraine. La dignité d’évêque de Jean est ici évoquée par la crosse posée en pal derrière l’écu soutenu par deux diacres en dalmatiques sans doute inspirés par la gravure germanique. L’ensemble est entouré d’une patenôtre, ou chapelet, ornée de cinq roses héraldiques représentant les cinq Notre Père, emblème déjà utilisé par le duc René II.

Plusieurs « écus armoyés », destinés aux résidences princières, sont régulièrement mentionnés dans la comptabilité ducale. Témoignant d’une grande virtuosité par son emploi de nombreuses gravures à l’outil sur verres rouge ou bleu plaqués, ce vitrail ne peut être attribué, selon Michel Hérold, à Valentin Bousch, verrier d’origine strasbourgeoise qui fut protégé par Jean de Lorraine. Il a peut-être plutôt été exécuté par un verrier au service de la cour comme Nicolas Graxien, actif à Nancy entre 1504 et 1544 comme « verrier de l’hostel [de] monseigneur le duc ».

Pierre-Hippolyte Pénet

Historique :

Proviendrait de la région de Vic-sur-Seille. Acquis par Monsieur Bastien puis vendu au musée en 1932. Inséré dans une fenêtre du 1er étage du palais ducal, déposé en 2006 puis installé en 2018 dans l’église des Cordeliers.

Bibliographie :

HÉROLD (Michel) et ROUSSEL (Francis), Le vitrail en Lorraine du XIIe au XXe siècle, Strasbourg, Éditions Serpenoise, 1983, p. 298.

HÉROLD (Michel) et GATOUILLAT (Françoise), Les Vitraux de Lorraine et d’Alsace, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Paris, L’Inventaire et CNRS, 1994, p. 48.

TABURET-DELAHAYE (Élisabeth), BRESC-BAUTIER (Geneviève) et CRÉPIN-LEBLOND (Thierry) (dir.), France 1500. Entre Moyen Age et Renaissance [cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 04 octobre 2010 - 10 janvier 2011 ; Chicago, Art Institut of Chicago, 26 février 2011 - 30 mai 2011], Paris, Réunion des musées nationaux, 2010, cat. 158, p. 311 (notice de Michel Herold).

PÉNET (Pierre-Hippolyte) (dir.), La Lorraine pour horizon, la France et les duchés de René II à Stanislas [cat. exp., Nancy, palais des ducs de Lorraine – Musée lorrain, 18 juin – 31 décembre 2016], publié en ligne sur le site internet du musée, 2016, https://www.musee-lorrain.nancy.fr/fr/la-lorraine-pour-horizon/catalogue-numerique/, cat. 28 (notice de Jean-Christophe Blanchard).