Pierre tombale de Jean Blaise de Mauléon
Lorraine
Cat. 33
Lorraine
Pierre tombale de Jean Blaise de Mauléon
Vers 1613
Calcaire
H. 228 ; L. 120 ; Pr. 23 cm
Inv. 95.116
Don de Justin Marchand, 1859
Prenant possession, en 1853, de la cure de l’église Saint-Élophe de Soulosse-sous-Saint-Élophe (Vosges), l’abbé Jules Marchand entreprit d’importants travaux de restauration du lieu de culte. Au cours de cette opération, on retrouva l’année suivante, dans un caveau, une grande pierre tombale signalée par Alexandre de Bonneval au président de la Société d’Archéologie lorraine. Après négociations, la pierre fut offerte au musée en 1859 par Justin Marchand, négociant à Nancy et frère du curé de Saint-Élophe. Grâce à l’étude des blasons présents sur la pierre, le défunt put être identifié comme étant Jean Blaise de Mauléon, sieur de la Bastide, chambellan, capitaine des gardes du corps du duc Charles III de Lorraine et bailli de l’évêché de Toul. Issu d’une famille originaire du Poitou, il était le fils de Denis de Mauléon et de Marguerite d’Esparbès de Lussan. En 1558, il épousa Antoinette du Châtelet qui lui apporta en mariage les seigneuries d’Autigny-la-Tour et de Saint-Élophe. Il participa pour Charles III à la lutte contre les troupes protestantes du duc de Bouillon qui, en 1587, réduisirent en cendres son château de Maizières-les-Toul. En compensation, le duc lui permit de venir trouver refuge au château de l’Avant-Garde à Pompey puis, en 1607, le récompensa de ses bons et loyaux services en le nommant sénéchal de Barrois, charge qu’il remplit jusqu’en 1613, année probable de sa mort.
Le défunt est représenté allongé, les yeux clos et les mains jointes sur la poitrine. La tête reposant sur un coussin, il est vêtu d’une demi-armure conçue pour les cavaliers à laquelle font écho les éperons portés sur les bottes. Celle-ci est complétée par l’épée accrochée sur le flanc gauche ainsi que par les gantelets et le heaume posés au sol. Le col rabattu en pointe est emblématique du début du XVIIe siècle. Sur la partie supérieure de la pierre sont représentées les lignes nobiliaires de Jean Blaise de Mauléon : « de gueules au lion d’or » (Mauléon), « d’argent, à la fasce de gueules, accompagnée de trois merlettes de sable » (Esparbès de Lussan), « d’azur à la croix d’or » (Faudoas-Barbazan) et « d’azur, au lévrier rampant d’argent, colleté d’argent, bouclé d’or » (Saint-Félix). La partie non sculptée était destinée à son épouse Antoinette du Châtelet, comme le signalent les blasons de la partie inférieure illustrant ses propres lignes nobiliaires : « d’or, à la bande de gueules, chargée de trois fleurs-de-lis d’argent, dans le sens de la bande » (Châtelet), « écartelé aux 1 et 4 d’argent à quatre lionceaux de gueules cantonnés, armés, lampassés et couronnés d’or ; aux 2 et 3 losangé d’or et de gueules » (Beauvau-Craon), « de gueules à deux faces d’or accompagnées de six merlettes du même placées 3, 2 et 1 » (Fresneau) et un dernier quartier correspondant à la famille Bettancourt que nous n’avons pas pu retrouver. Pour une raison inconnue, la pierre tombale ne fut jamais terminée.
Pierre-Hippolyte Pénet
Historique :
Retrouvée en 1854 dans un caveau de l’église Saint-Élophe de Soulosse-sous-Saint-Élophe (Vosges). Offerte en 1859 au Musée lorrain par Justin Marchand. Présentée dans le vestibule du palais ducal puis dans la partie haute de la galerie basse, puis dans la salle de la sculpture lorraine dans les années 1930. Déplacée vers 1936 dans l’église des Cordeliers.
Bibliographie :
BONNEVAL (de) (Alexandre), « Lettre », Journal de la Société d’archéologie et du comité du Musée lorrain, juin 1855, p. 90-92.
LEPAGE (Henri), « Dons faits au Musée lorrain », Journal de la Société d’archéologie et du comité du Musée lorrain, février 1859, p. 58-63.
ZELLER (Édouard), Saint Élophe, sa famille, sa vie, son culte, Neufchâteau, Kienné, 1875, p. 201.