Quatre vertus
Lorraine
Cat. 39, 40, 41 et 42
Lorraine
Quatre vertus
XVIIe ou XVIIIe siècle
Bois sculpté et peint
H. 180 ; L. 115 ; Pr. 48 cm
H. 180 ; L. 95 ; Pr. 40 cm
H. 180 ; L. 68 ; Pr. 35 cm
H. 180 ; L. 65 ; Pr. 40 cm
Inv. 77.3.10, 11, 12 et 13
Don de l’abbé André Bihr, curé de la cathédrale de Nancy, 1977
Repérées par l’abbé Choux, conservateur du Musée lorrain de 1952 à 1984, dans des locaux annexes de la cathédrale, ces quatre statues en bois peint furent offertes au musée avec l’accord du curé de la cathédrale et placés sur des piédestaux devant et aux angles du portail d’entrée de la chapelle ducale. Le conservateur s’inspira sans doute pour cette présentation du projet de nouvelle entrée pour la chapelle conçu par Gentillâtre et Demange, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, afin que celle-ci puisse être vue depuis le milieu de la nef de l’église. Jamais réalisé, le projet est connu par un dessin conservé aux archives municipales et publié par Pierre Marot en 1930 dans son ouvrage sur la chapelle ducale. Celui-ci montre en effet, autour d’un sarcophage, deux statues représentant l’une L’Espérance ou la Foi, tenant une ancre et une croix, et l’autre la Justice portant une épée et une balance. Dans ses notes manuscrites, l’abbé Choux supposait que ces quatre statues aient pu servir occasionnellement à orner le catafalque de la cathédrale au XIXe siècle.
Au XVIIe et XVIIIe siècle, il devint très courant d’orner les catafalques funéraires des défunts prestigieux d’allégories représentant les vertus du disparu. Il s’agissait le plus souvent des quatre vertus cardinales (prudence, tempérance, justice et force) ou des trois vertus théologales (foi, espérance et charité). À l’exception de la Justice portant ici l’épée et la balance, les trois autres vertus sont difficiles à identifier. La statue portant une ancre et un ciboire pourrait en effet incarner aussi bien l’Espérance que la Foi. Quand aux deux dernières sculptures portant une main sur le cœur et ayant très probablement perdu l’attribut qu’elles tenaient de l’autre, il est difficile de préciser leur identité. Par ailleurs, les gestes très proches des sculptures se répondant deux par deux et le fait que les attributs soient sculptés de manière indépendante suggère qu’ils aient pu être plus ou moins interchangeables. Il semble néanmoins tout à fait probable que ces quatre sculptures aient été employées pour orner un catafalque dès le XVIIe ou le XVIIIe siècle. Quatre autres sculptures (La Foi (?), La Prudence, La Justice, L’Espérance (?)) ayant très probablement rempli également une dimension funéraire furent retrouvées dans les combles de la sacristie de l’église des Cordeliers au début des années 2000 (inv. 2016.0.242 à 245). Constitué de bois recouvert de tissus encollés et peints, l’ensemble ayant été rembourré avec de la paille, elles représentent un ensemble à ce jour unique en France.
Pierre-Hippolyte Pénet
Historique :
Locaux annexes de la cathédrale de Nancy. Données par l’abbé André Bihr, curé de la cathédrale en 1977. Installées sur des piédestaux devant et aux angles du portail d’entrée de la chapelle ducale. Déposées et placées à gauche du portail. Restaurées et ré-installées dans leur configuration première en 2018.
Bibliographie :
MAROT (Pierre), « Nouvelles recherches sur la Chapelle ducale de l’Église des Cordeliers de Nancy », Revue lorraine illustrée, 1930, n°4, p. 18.
JIMENEZ (Charlotte) et PÉNET (Pierre-Hippolyte), « Quatre statues funéraires, uniques en leur genre, redécouvertes à l’église des Cordeliers de Nancy », La Revue des musées de France. Revue du Louvre, septembre 2021, p. 3.