De facture très soignée, cette armoire arbore un décor original, entièrement marqueté. Sur les deux battants de ce meuble sont figurés les portraits équestres des deux empereurs de Russie et d’Autriche, Alexandre Ier (1777 – 1825) et François Ier (1768 -1835). Les deux vainqueurs de Napoléon à Leipzig, en 1813, sont ici à l’honneur. Ces deux protagonistes ne sont pas inconnus des Lorrains : les armées coalisées traversent en effet la région dans leur poursuite des troupes françaises en déroute. Ainsi, en janvier 1814, Alexandre Ier bivouaque-t-il à Béchy (Moselle), avant d’assiéger Metz. Quant à François Ier, il est le petit-fils de François III de Lorraine, dernier duc héréditaire et époux de Marie-Thérèse d’Autriche.

Sur les portes de l’armoire sont également représentés quatre épisodes de la parabole du Fils prodigue, histoire tirée de l’Évangile selon saint Luc. Elle raconte la destinée d’un jeune homme qui, après avoir abandonné le foyer familial et dilapidé sa part de l’héritage, rentre, ruiné, se jeter aux pieds de son père pour implorer son pardon. Enfin, au centre, sur le faux-dormant, on reconnaît un sotret, ce petit lutin farceur, vêtu et coiffé de rouge, dont on avait coutume de menacer les enfants un peu partout dans l’espace lorrain.

Si on ne sait pas précisément pourquoi on a voulu rapprocher un épisode du Premier Empire de l’image du fils prodigue ainsi que du lutin, la richesse et la singularité de ce programme décoratif permettent de témoigner de l’excellence des savoir-faire mis en œuvre par les menuisiers lorrains.

Oeuvre restaurée en 2010