Œuvre majeure

Crosse

 

Milieu du XIIIe siècle
Cuivre émaillé
H. 30 ; l. 12,5 ; D. de la douille 3 cm
Inv. 95.973
Mode d’acquisition inconnu, entre 1863 et 1869

Caractéristique du travail des orfèvres-émailleurs limousins du milieu du XIIIe siècle, cette crosse provient de l’église abbatiale Saint-Evre de Toul (Meurthe-et-Moselle), disparue après la Révolution. Au début du XIXe siècle, des fouilles sont effectuées à l’emplacement de l’abside de cette ancienne église, sous laquelle on sait qu’ont été inhumés plusieurs évêques de Toul. Notre crosse figure vraisemblablement au nombre des « crosses en cuivre doré » qui sont alors mises au jour. Elle entre dans les collections du musée dans les années 1860. À la fin du siècle, elle est victime d’une confusion qui lui donne comme provenance l’église Saint-Epvre de Nancy. L’erreur est définitivement corrigée par l’abbé Jacques Choux en 1981. Bien que qualifiée d’épiscopale, la crosse n’a pas pu appartenir à un évêque de Toul : aucun ne fut inhumé dans l’église Saint-Evre après le IXe siècle. On pense qu’elle accompagna plutôt un abbé dans son dernier voyage, pourquoi pas Widricus, qui administra l’abbaye au milieu du XIIIe siècle, et y fut inhumé ; héritant d’une abbaye dépossédée de son mobilier ecclésiastique, Widricus lui redonna tout son lustre. Des trois parties constituant la crosse, seules la douille (qui s’enchâssait sur la hampe en bois) et la volute (partie supérieure de la crosse) ont été conservées : le nœud, qui assure la jonction entre ces deux parties, est manquant. Comme toujours, la hampe d’origine, en bois, a disparu. Le savoir-faire des orfèvres de Limoges s’exprime tout particulièrement dans l’émail des yeux de l’ange, du dragon et des écailles du serpent dont la tête referme la volute. Cette crosse appartient au groupe des crosses limousines représentant le combat de Saint Michel et du dragon, dont une cinquantaine d’exemples sont connus.

Crosse, cuivre émaillé, milieu du XIIIe siècle

Crosse, cuivre émaillé, milieu du XIIIe siècle