Jacques Callot (1592, Nancy - 1635, Nancy)
Vers 1629
Gravure à l’eau-forte
H. 215,6 ; l. 64,8 cm
Inv. 95.547
Don de M. Balbâtre, 1857
Cette eau-forte est sans doute la plus grande en hauteur de l’œuvre de Jacques Callot. Gravée vers 1629, elle semble avoir été commandée par la Maison de Lorraine.
Cette généalogie qui s’arrête à Charles IV est imaginaire pour la première partie. Elle fait remonter les origines des ducs de Lorraine à Pharamond, chef franc légendaire, descendant de Priam et traditionnellement tenu pour le premier roi de France. Situé au bas de l’estampe, vêtu d’un manteau royal, ce chef est assis sur un trône au pied de l’arbre, entouré d’un amas de trophées d’armes.
Comme tous les souverains européens, les ducs de Lorraine avaient une généalogie fabuleuse. Les arbres généalogiques de la Renaissance et de l’époque moderne placent en général l’ancêtre fondateur à la base de l’arbre familial, dont la descendance est figurée en remontant le tronc et les ramures.
À la fin du Moyen Âge et encore au XVe siècle, on pensait que les ducs de Lorraine descendaient de Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et fils d’Eustache II, comte de Boulogne. Comme Godefroy de Bouillon descendait de Charlemagne, les ducs de Lorraine devenaient ainsi les héritiers du dernier Carolingien, Charles de France, écarté du Royaume par Hugues Capet. La légende fut véhiculée par les historiens et historiographes soucieux de plaire aux ducs en leurs trouvant d’illustres ancêtres. Il semble que ce soit Théodore Godefroy qui, en 1624, a montré pour la première fois que les ducs de Lorraine descendaient en réalité des comtes d’Alsace. Mais ce n’est qu’avec Dom Calmet, suivi par presque tous les historiens de la Lorraine entre le XVIIIe et le XIXe siècle, que le voile est levé sur les origines de la Maison de Lorraine. Pour lui, les ducs bénéficiaires antérieurs à Gérard d’Alsace auraient été de simples gouverneurs susceptibles d’être dépouillés de leur bénéfice par le roi ou l’empereur. Gérard d’Alsace aurait été le premier en 1048 à recevoir de l’empereur Henri III, le privilège de transmettre à sa descendance la dignité ducale.
Le mythe des origines carolingiennes de la Maison de Lorraine persista donc jusqu’au XVIIe siècle comme en atteste la Généalogie de la royale Maison de Lorraine de Jacques Callot.