Pierre de Blarru, auteur du texte (1437, Paris - 1510, Saint-Dié-des-Vosges),
Auteur des enluminures inconnu
Début du XVIe siècle
Manuscrit sur papier, deux miniatures sur parchemin
H. 22 ; l. 13 cm ; 144 folios
Inv. 95.1633
Don du Baron de Landres, 1871
Au lendemain de la bataille de Nancy (1477), René II duc de Lorraine, vainqueur du célèbre duc de Bourgogne Charles le Téméraire, veut inscrire l’événement dans l’histoire. Il commande à Pierre de Blarru, chanoine de Saint-Dié, un vaste poème épique à la gloire de son duché qui vient tout juste de retrouver sa capitale : Nancy.
La Nancéide ou Liber Nanceidos comporte plus de 5 000 vers rédigés en latin, immortalisant ainsi la victoire du jeune René II. Le poème est édité pour la première fois en 1518, après la mort de son auteur, à Saint-Nicolas-de-Port sur les presses de Pierre Jacobi. La toute première édition prend donc la forme d’une gravure sur bois. Nous nous intéressons ici à une autre version, la seule manuscrite connue pour ce poème et ornée de deux miniatures.
Une enluminure figure René II dont l’armure est recouverte d’une cotte d’armes marquée de la croix de Jérusalem, que l’on retrouve également sur la housse d’ornement de son cheval. À l’arrière-plan, on reconnaît la ville de Nancy derrière ses murailles. Épée à la main, le duc est représenté en libérateur, mettant fin par sa victoire à plus d’un an d’occupation bourguignonne ainsi qu’à un conflit vieux de plus de quarante ans. L’autre miniature rappelle l’issue de la bataille. En haut à gauche, Charles le Téméraire est identifiable à la croix de Saint André qu’arborent les combattants bourguignons. Il est représenté à terre, expirant aux côtés de son cheval ensanglanté. Au centre de l’image, monté sur son destrier, René II est peint dans une attitude victorieuse.
Sur l’une comme l’autre des miniatures, la représentation des lieux et des événements est largement fantasmée. Les scènes se déroulent dans une nature verdoyante contrairement aux sources qui situent la bataille de Nancy au mois de janvier, au plus fort d’un terrible hiver. On sait, en outre, que ce n’est qu’après de longues investigations que fut retrouvée la dépouille du Téméraire, dans les glaces de l’étang Saint-Jean (à proximité de l’actuelle gare de Nancy).
Œuvre de propagande au service de la maison de Lorraine, la Nancéide sera traduite en français au début du XVIIe siècle puis en 1840.