Œuvre majeure

Gisant de Philippe de Gueldre

Ligier Richier (vers 1500, Saint-Mihiel - 1567, Genève)
1548
Calcaire fin blanc crème pour les visages, la couronne, la barbette et les mains ; calcaire gris bleuté (probablement de Belgique) pour les voiles ; calcaire gris légèrement doré à ocre (lumachelle) pour la robe de la défunte et de l’orante.
Gisant : H. 49 ; L. 232 ; Pr. 31,5 cm
Orante : H. 49 ; L. 53 ; Pr. 27 cm
Inv. D.2006.0.1080
Classé Monuments Historiques : CL.01.01.1846

Présenté dans l’église des Cordeliers, le gisant de Philippe de Gueldre est un véritable chef-d’oeuvre de la sculpture lorraine et une pièce majeure de la collection du musée.

Philippe de Gueldre, duchesse de Lorraine et reine de Sicile, se retire au couvent des Clarisses de Pont-à-Mousson après la mort de son mari, le duc René II, en 1508. Elle y meurt en 1547, âgée de plus de 80 ans. Elle a souhaité être inhumée dans le cimetière du monastère au pied d’un modeste cénotaphe, mais ses descendants en décident autrement.

Ils commandent un monument (dont seul le gisant nous est parvenu aujourd’hui), destiné à l’église-même du couvent, au sculpteur lorrain Ligier Richier, « imagier » du duc Antoine depuis 1530, dont les œuvres jouissent, déjà alors, d’une grande notoriété.

Après la saisie de l’ensemble conventuel comme bien national à la Révolution, la sculpture est transportée dans un village voisin. Elle n’est redécouverte qu’en 1822 par la Commission des antiquités du département de la Meurthe, qui en fait l’acquisition et la dépose dans l’église des Cordeliers de Nancy.

La sculpture représente la duchesse drapée dans sa robe de Clarisse, le visage serein, les mains à plat posées l’une sur l’autre. À ses pieds, une petite orante, le visage triste, tient la couronne royale.

Initiée en 2009, la restauration du gisant de Philippe de Gueldre a révélé d’importantes informations sur l’histoire matérielle de l’œuvre et particulièrement sur le travail de Ligier Richier.

En effet, les restaurations anciennes et le passage du temps avaient faussé la perception du gisant, le rendant uniforme, dans des tonalités noires. La restauration fondamentale a permis de redécouvrir une gamme chromatique plus nuancée et subtile et a montré que le sculpteur a travaillé trois calcaires de grains et de couleurs différents, qui apportent naturellement une polychromie et un effet de matière conforme à l’habit des « sœurs grises ».

  Oeuvre restaurée en 2013