André Joly (1706, Saint-Nicolas-de-Port – après 1781, Paris)
Vers 1760
Huile sur toile
H. 139 ; L. 329 cm
Inv. 95.731
Don de Mme Diettmann-Hamelon, entre 1852 et 1855
Construit sous le règne de Léopold, le château de Lunéville est largement remanié sous le règne de Stanislas. Ce qui intéresse Stanislas, ce sont surtout les jardins où il souhaite établir des « folies » comme le Kiosque turc, le Trèfle chinois, ou encore la Chartreuse.
André Joly est le « Premier peintre ordinaire » de Stanislas. Ici, il représente le Rocher, vaste scénographie qui imite un paysage montagneux, par sa composition en grès vosgien et par les cours d’eau y serpentant. Au cœur de ces roches se trouvent six toiles peintes en trompe-l’œil accentuant l’impression de profondeur du décor.
L’ingénieur François Richard (1678-1759) conçoit cette merveille en 1742, sous les directives d’Emmanuel Héré et de Stanislas, qui est certainement à l’origine intellectuelle de cette construction. Actionner une seule manette suffisait pour animer les 86 automates (88 à partir de 1752) donnant à voir des scènes populaires. L’eau arrivait par des canalisations en plomb enfouies et venait jouer avec les fils de fer attachés au dos des automates. En sus de l’animation, on pouvait entendre le va-et-vient de la scie ou encore le roulement des flots tombant sur les rochers.
François Richard allie à la fois la tradition maniériste de l’automate avec le décor monumental du théâtre. Le Rocher s’étendait sur 250 mètres.
Descartes concevait l’Homme comme une machine dotée d’une âme, Borelli assimilait les membres à des poutres et les muscles à des leviers. Le Rocher a été conçu par des hommes des Lumières séduits par cette conception mécanique de l’Homme.
En s’immergeant dans un tel spectacle, on comprend les mots du prince de Luynes estimant que ce Rocher était « un travail prodigieux et une idée fort ingénieuse ». Le Rocher est une image de l’île utopique rêvée par Stanislas dans son Entretien d’un Européen avec un insulaire du royaume de Dumocala, utopie détruite par l’arrivée des armées françaises en 1766.
Oeuvre restaurée en 2003-2005