Né vers 1466-1470, Antoine de Ville fut écuyer du duc René II avant de devenir un des proches du duc Antoine qui le fit successivement capitaine de Neufchâteau en 1509 puis d’Épinal en 1510. Il participa à ses côtés aux guerres d’Italie menées par Louis XII ainsi qu’à la guerre des rustauds. Lors des litiges concernant les frontières entre le duché de Lorraine et la comté de Bourgogne en 1523 et 1527, il est commis à trois reprises par le duc pour servir de médiateur. Homme d’une grande piété, il se rendit à Saint-Jacques de Compostelle et réalisa deux fois de suite le pèlerinage de Jérusalem comme nous l’indique l’inscription au revers du panneau : «  ICY est pourtraict au vif / Messire Anthoine de Ville ainsy / qu’il estoit quand il retourna de / Sainct voiage de Jerusalem que / fut le huictienne jour de decembre / Lan de nostre Seigneur 1507. Pries / Dieu pour luy ».

Ce portrait est la plus ancienne peinture de chevalet lorraine conservée aujourd’hui. Antoine de Ville y est représenté de trois quart sur un fonds uni, selon un type de représentation développé par les primitifs flamands au XVe siècle. Il est coiffé d’une toque à laquelle est accrochée une médaille et tient de la main droite le pommeau de son épée. Le tableau repose sur un chromatisme tricolore rouge, doré et noir qui offre à l’œuvre un très bel équilibre. Le visage d’un grand réalisme, sculpté par la lumière, dénote également l’influence de la peinture flamande. Le regard très clair du modèle porté au loin traduit l’expression ferme et déterminée d’un des personnages éminents de la cour de Lorraine.

 Oeuvre restaurée en 2000