Paul-Louis Cyfflé (1724, Bruges - 1806, Ixelles-les-Bruxelles), attribué à la Manufacture de Lunéville
Vers 1765-1775
Bois sculpté et peint, métal peint, biscuit de Terre de Lorraine
H. 57 ; l. 71 ; P. 73 cm
Inv. D.T.S.118
Collection Thiéry-Solet, Dépôt de la Ville de Nancy, 1921
Ce très important surtout de table en bois sculpté et terre de Lorraine (pour les figurines) a été créé pour la fille de Jean-Baptiste Villiez, puissant banquier nancéien, premier juge-consul de Lorraine et Barrois.
Au XVIIIe siècle, le surtout permettait de réunir au centre de la table, durant tous les services, salières, boîtes à épices, huiliers, vinaigriers et sucriers, tout en supportant, au moment du souper, les girandoles destinées à éclairer la table.
Essentiellement connu pour ses figurines en terre de pipe, Paul-Louis Cyfflé imagine ici une composition complexe et pleine de fantaisie, proche des œuvres sculptées de son maître Barthélémy Guibal.
Sous un kiosque à l’antique, Léda et le cygne surmontent un petit bassin. Une balustrade circulaire entoure l’ensemble. Elle est surmontée à intervalles réguliers de vases ornés de guirlandes, mais elle est interrompue sur le devant afin d’offrir une entrée permettant d’accéder à ce temple. Le pavillon ouvert par huit colonnes cannelées comporte un entablement dorique surmonté d’un baldaquin. Dans l’entrecolonnement, quatre petits amours portent des corbeilles. Au cœur du temple de l’amour, Léda appuyée sur un rocher joue avec le cygne mystérieux. Le séducteur lance, de son bec, un jet d’eau qui retombe sur l’épouse du roi de Sparte. Une légère galerie octogonale couronne le petit édifice au sommet duquel jaillit une gerbe d’eau.
Une machinerie dissimulée alimentait en eau les différents éléments de ce surtout, dispositif rappelant le goût du XVIIIe siècle pour le décor et les artifices, également illustré par les automates du rocher de Lunéville.
À la mort de Guibal, en 1757, Cyfflé devient sculpteur ordinaire du roi de Pologne. À partir de 1768, il obtient de Louis XV le privilège de cuire pendant quinze années les objets en terre de Lorraine.