Œuvre majeure

Portrait équestre de Madame de Saint-Baslemont

Claude Deruet (1588, Nancy - 1660, Nancy)
1646
Huile sur toile
H. 374 ; l. 408 ; P. 16 cm
Inv. 52.3.1
Achat au Juvénat des Frères Maristes à Aulnois-sur-Seille, 1952

Zoom sur une oeuvre 

Cet impressionnant portrait équestre constitue l’une des œuvres emblématiques du Musée lorrain. Il glorifie l’esprit de résistance d’Alberte-Barbe d’Ernecourt (1606-1660), épouse de Jean-Jacques de Haraucourt, seigneur de Saint-Baslemont. Le couple réside au château de Neuville-en-Verdunois jusqu’au départ d’Haraucourt pour la guerre, aux côtés du duc de Lorraine, Charles IV, en 1632.

Après l’extension de la Guerre de Trente ans à l’Europe entière, Madame de Saint-Baslemont forme au combat les habitants des villages alentours et s’oppose aux tentatives de pillage et d’exaction menées par les armées et les bandes de mercenaires qui traversent la région de Neuville. Poursuites de voleurs de bétail, libérations d’otages, opérations de secours à des militaires en danger, autant d’épisodes que Claude Deruet représente sous forme de saynètes, à l’arrière-plan de son tableau. Par son courage, Madame de Saint-Baslemont éloigne le danger et transforme son fief en un espace de relative tranquillité.

Très pieuse, l’« amazone chrétienne » met également à l’abri sur ses terres la statuette de la Vierge conservée dans la chapelle Notre-Dame de Benoîte-Vaux, lieu de pèlerinage situé à quelques kilomètres de Neuville. C’est sous sa protection que Deruet place ici son héroïne. Engagée aux côtés des armées françaises, Madame de Saint-Baslemont, à qui Louis XIII aurait proposé le commandement d’une compagnie, voit sa notoriété croître à partir du milieu des années 1640. Pour autant, les conditions de la commande de notre portrait, dont une version est présente en 1653, à Nancy, au palais ducal, parmi les biens du maréchal français Henri de La Ferté Senneterre, restent mystérieuses. Il constitue une œuvre particulièrement audacieuse pour l’époque : l’artiste y peint une femme en utilisant un format et une posture d’ordinaire réservés aux portraits d’hommes. De ce point de vue, au XVIIe siècle, seul le portrait de Christine de Suède peint par Sébastien Bourdon en 1653 peut lui être comparé.