Œuvre majeure

Léopold Ier duc de Lorraine

Nicolas Dupuy (1650, Pont-à-Mousson – 1711, Lunéville ?)
1703
Huile sur toile
H. 195 ; l. 146 cm
Signé et daté « Du Puy fecit 1703 »
Nancy, Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain,
inv. D. 95.361
Dépôt du musée des Beaux-Arts de Nancy, 1881

Zoom sur une oeuvre

En 1697, au terme d’un siècle marqué par la guerre de Trente Ans et les occupations françaises, Louis XIV rend leur souveraineté aux duchés de Lorraine et de Bar. Le traité de Ryswick autorise le retour de la famille ducale, qui vivait en exil auprès des Habsbourg depuis plusieurs dizaines d’années. Léopold, fils de Charles V et d’Éléonore d’Autriche, né à Innsbruck en 1679, découvre un pays exsangue, dévasté par les conflits. Il entreprend de reconstruire ses duchés, administrativement, économiquement et architecturalement. Cette reconstruction s’accompagne d’une importante propagande : l’indépendance et la souveraineté de l’État lorrain sont mises en images, incarnées par des sculptures, des estampes ou encore des peintures à l’effigie du souverain et de la famille ducale.

L’œuvre de Nicolas Dupuy, peintre lorrain né à Pont-à-Mousson, participe de cette vaste entreprise de réaffirmation de l’indépendance ducale. Léopold est présenté en tenue d’apparat, muni de ses regalia : le bâton de commandement orné d’un alérion, le collier de l’ordre de la Toison d’or (distinction héritée des Habsbourg), le manteau d’or au revers d’hermine brodé. On distingue sur son manteau des alérions et des bars. Posée sur un coussin, à la gauche de Léopold, la couronne de Lorraine est bien mise en valeur. Hautement symbolique, elle est fermée par des arceaux ornés de bars et terminée par une croix de Jérusalem ; cette croix rappelle la prétention de la famille sur le royaume de Jérusalem, fondé par les princes chrétiens à la fin de la première croisade, du temps de Godefroy de Bouillon, dont la famille de Lorraine revendique l’ascendance.

Avec ce tableau peint en 1703, Nicolas Dupuy se place dans les pas de l’image française véhiculée par Hyacinthe Rigaud et son célèbre Portrait de Louis XIV, exécuté l’année précédente.