Œuvre majeure

Trésor de Pouilly-sur-Meuse

XVe - XVIe siècles
Orfèvrerie
Inv. 2009.1
Acquis en 2009 par la Ville de Nancy grâce au soutien de CNP Assurances, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Région Lorraine, et de la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain.

 Zoom sur une oeuvre

Découvert en 2006, enterré dans le jardin d’une maison privée à Pouilly-sur-Meuse, cet ensemble exceptionnel comprend 31 pièces exécutées par des orfèvres de Paris, Châlons-en-Champagne, Reims et Strasbourg, entre 1480 et 1570. Ayant généralement fait l’objet de fontes massives et répétées, l’orfèvrerie civile de la Renaissance est très rare en France ; de ce fait, les objets qui composent cet ensemble constituent des témoignages de première importance, pour certains sans équivalent, de la vaisselle d’usage à la Renaissance.

Le plus bel objet est l’aiguière à anse angulaire ; elle a été confectionnée par l’orfèvre parisien Pierre Ensoult (ou Anceau) avant 1506. Les salières d’argent (1531-1532) sont les plus anciennes retrouvées en France ; c’est du bout du couteau qu’on y prenait le sel. Vraisemblablement utilisées pour boire le vin, les trois coupes pourraient dater des années 1540-1550. Objets les plus personnels de l’ensemble, les quatre gobelets illustrent à la fois des formes françaises et germaniques. Le trésor comprend enfin 21 cuillères, réparties en séries de deux, trois, quatre et douze ; elles correspondent à un modèle remontant à la fin du XIVe siècle, composé d’un cuilleron caractéristique dont l’extrémité près du manche est allongée

Bien que destinés à l’usage, ces objets se caractérisent par la richesse de leur décor : en argent, ils ont reçu un décor estampé, ciselé ou gravé ; certains sont partiellement dorés ; l’aiguière porte un décor d’émail.

Si on en ignore précisément l’histoire, cet ensemble semble correspondre aux acquisitions effectuées sur trois générations par les membres de la famille Beschefer, dont le nom figure sur l’aiguière. La branche protestante de cette famille originaire de Châlons fut vraisemblablement contrainte à l’exil dans la deuxième moitié du XVIe siècle. Le trésor est enfoui à la toute fin du siècle, à une époque où le nord de la Lorraine est violemment touché par les guerres de Religion, et où le duc Charles III ordonne aux Huguenots de quitter son duché. L’enfouisseur, qui avait soigneusement rangé les pièces dans un contenant aujourd’hui disparu, n’eut jamais l’occasion de récupérer ce qui devait être le bien le plus précieux de sa famille.