Établissements Gallé
1914
Verre multicouche à décor gravé à l’acide
H. 68 ; D. (maxi) 32 cm
Inv. 2014.3.1
Achat en vente publique par la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée lorrain, 2014
Ce Vase de guerre présente un décor symbolique d’esprit patriotique. Sur l’une de ses faces, on reconnaît la croix de Lorraine et le chardon de Nancy, dont les épines enserrent un aigle, allégorie de l’Empire allemand, qui se débat en vain. Les fleurs des chardons sont représentées sous des traits humains, peut-être des caricatures des généraux français ? Sur l’autre face, on peut voir un village incendié, la couleur rouge orangée de l’œuvre rappelant par ailleurs les flammes dévastatrices.
Gravé « 1914 », ce vase a été réalisé en réaction aux combats très meurtriers que connaît le territoire lorrain dans les premiers temps de la Grande Guerre (bataille du Grand Couronné). Il s’agit d’une réalisation importante des établissements Gallé qui, depuis 1894, disposent de leur propre verrerie à Nancy. À la suite du décès d’Émile Gallé, l’un des premiers animateurs de l’Art nouveau au tournant des XIXe et XXe siècles, puis de sa veuve, la société fonctionne jusqu’en 1914 sous l’autorité d’Henriette Gallé et la responsabilité opérationnelle d’Émile Lang, directeur de l’usine.
Alors qu’éclate la Première Guerre mondiale, l’École de Nancy est encore un mouvement artistique dynamique, dont les productions sont largement diffusées. Ce vase est donc un témoignage du foisonnement artistique et économique que connaît Nancy à l’orée du XXe siècle. À la suite de l’Annexion de l’Alsace et de la Moselle, la ville est en effet devenue la capitale de la France de l’Est. Elle connaît alors une phase d’expansion sans précédent, tant démographique, urbaine qu’économique et culturelle.
Avec la production de petites séries de vases ou d’objets d’ébénisterie évoquant la Grande Guerre, les établissements Gallé s’inscrivent en 1914 dans la continuité de l’œuvre politique d’Émile Gallé. Son travail était en effet empreint de patriotisme, suite à la défaite de 1870.
Au-delà de ses qualités artistiques, ce vase issu d’une des maisons clés de l’École de Nancy illustre donc le développement considérable que connaît la ville au début du XXe siècle. En période de guerre, il s’agit d’un véritable manifeste qui affirme la supériorité de la Lorraine et de sa capitale, Nancy, sur l’agresseur allemand, malgré les stigmates laissés par les combats.
