3e quart du XIIIe siècle
Calcaire de Jaumont
Croix : H. 140 ; l. 91 ; P. 38 cm
Colonne : H. 176 ; D. 43 cm
Inv. 95.93
Don de la commune de Frouard, 1883
Cette croix érigée au XIIIe siècle se trouvait au milieu de la place publique de la ville de Frouard (54). Entrée dans les collections du Musée lorrain en 1883, elle est déjà présentée dans le jardin du palais ducal en 1909. Dans les descriptions anciennes, elle mesurait plus de 8 mètres de haut, mais il n’en reste aujourd’hui que la partie supérieure de la colonne et la croix sculptée. Cette œuvre a été restaurée en 2010.
Sur une face, le Christ est présenté en croix, les côtes saillantes, les bras légèrement fléchis et les pieds appuyés sur un support. Le perizonium, serré par deux gros nœuds sur les hanches, descend en ondulant jusqu’aux genoux. Fait inhabituel dans sa représentation, il porte un bandeau torsadé qui maintient une étoffe qui recouvre sa tête et tombe sur ses épaules.
Il s’agit d’une croix commémorant la charte d’affranchissement inspirée de la loi de Beaumont, accordée en 1263 par Ferri III de Lorraine au château et bourg de Frouard, puis reprise en 1297 par Ferri, son fils et futur évêque d’Orléans.
En Argonne, la loi de Beaumont est promulguée en 1182 par Guillaume de Champagne, dit « Guillaume aux blanches mains », archevêque de Reims et oncle du roi de France Philippe Auguste. On estime à plusieurs centaines le nombre de communautés rurales de l’Est de la France qui la prennent pour modèle, comme ici à Frouard.
Dans ces localités, la loi fixe les coutumes et les libertés des populations. Elle a notamment pour effet d’émanciper les habitants du servage, de créer une forme d’autonomie locale, mais également de permettre l’enrichissement des seigneurs.
Pour perpétuer la mémoire de la charte, il est d’usage d’ériger une croix dans un lieu public. C’est un souvenir, une marque de piété mais aussi un avertissement pour les étrangers de la liberté de la commune. La croix de Frouard en constitue l’un des rares vestiges.
Oeuvre restaurée en 2010