La Vieille fileuse

Manufacture de Toul-Bellevue

Manufacture de Toul-Bellevue (direction de Georges Aubry ?)
Paul-Louis Cyfflé (auteur du modèle)
Fin du XIXe ou début du XXe siècle
Biscuit de terre de pipe
H. 18,5 ; L. 10,5 ; P. 13 cm
Inv. 95.886
Don de Roger, Xavier, Étienne, Michel et Bernard Aubry, 1951
Cachet de Toul avec initiales AB et lettre H estampés en creux

La figure de la « vieille fileuse au fuseau, qui s’endort sur sa chaise » apparaît dans le catalogue des tarifs des pièces et marchandises édité à la manufacture de faïence de Toul-Bellevue entre 1773 et 1789. Sous la direction de Charles Bayard, cette dernière obtient le titre de Manufacture Royale en 1773 et rivalise avec les productions de Lunéville. Deux modeleurs de Paul-Louis Cyfflé, Jean-Bernard Würtzbacher et Nicolas Rémy, sont embauchés comme repareurs en 1778 et 1779, tandis que les moules du premier sont acquis pour la manufacture. Les modeleurs réalisent les moules permettant la reproduction des figures tandis que les repareurs assemblent les différentes parties estampées, les cisèlent et affinent les détails. Les modèles vendus à Toul-Bellevue sont pour la plupart des créations de Cyfflé, même si le nom de ce dernier n’est pas indiqué. La vieille fileuse apparaît à nouveau dans le catalogue des tarifs de Toul-Bellevue de 1875 et de 1898.

La vieille femme assise sur une chaise s’est assoupie, les mains croisées, une quenouille posée sur ses genoux. Elle porte une coiffe aux larges bords, une grande robe, un tablier et des chaussures à lacets. À sa droite, un chat attrape avec ses pattes avant le fil qui se dénoue de la quenouille et retombe sur la robe de la fileuse. Le socle rectangulaire aux bords concaves tronqués, caractéristique de la production de Cyfflé à Lunéville, porte au revers l’écusson de Toul avec les initiales AB, pour Aubry Bellevue, et la lettre H. On peut supposer que ces initiales renvoient plutôt à la direction de Georges Aubry (1898 – 1925) car les pièces réalisées sous la direction de son prédécesseur Jules (1860 – 1898) portaient plutôt ses initiales JA. Le modèle apparaît dans le Livre des formes de la manufacture de Niderviller au n°34. L’attitude réaliste de la vieille fileuse nous conduit à classer cette figure parmi les représentations de la vie domestique imaginées par Cyfflé. Avec son pendant, Le Vieux chasseur, ce personnage symbolise la sérénité de l’âge mûr.

Marie Pintre 

Bibliographie :

HORIOT (Maïté), Paul-Louis Cyfflé et les terres de Lorraine aux XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du Musée Historique Lorrain, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art sous la direction de François PUPIL et Francine ROZE, Université de Nancy 2, 2002-2003, pp. 50-51, n°19.

CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 65, 70, 94, 98, 139.