Le Jardinier appuyé sur sa bêche
Manufacture de Niderviller
Manufacture de Niderviller
Paul-Louis Cyfflé (auteur du modèle)
Fin du XIXe siècle
Biscuit de porcelaine
H. 22 ; L. 8,5 ; P. 8,5 cm
Inv. 39.3.5
Legs René Wiener, 1939
Marque N° F 27 à la pointe
Sur un socle rond, un jeune jardinier appuyé sur une bêche semble rêver. Sa main droite soutenant son visage, le jeune homme est coiffé d’un chapeau rond, vêtu d’une chemise ample ouverte sur la poitrine, d’un gilet, d’une culotte, et chaussé de bas et de chaussures à boucles. Ses manches relevées laissent apparaître les muscles tendus de ses bras. Un soin particulier est apporté à l’anatomie et aux détails : les cheveux, les yeux et le nez sont finement ciselés, les plis de la peau du genou, les phalanges et les ongles des doigts sont traités avec minutie. Trois plantoirs enroulés de fil à cordeau sont posés sur le sol de pierres plates.
Les personnages champêtres suscitent un vif intérêt dans la littérature et dans les arts décoratifs au XVIIIe siècle. Louis-Sébastien Mercier décrit dans son Tableau de Paris l’amour de la campagne et de l’agriculture chez le Parisien. Par ailleurs, dans le discours préliminaire au poème Les Saisons, composé en 1769, le Lorrain Jean-François de Saint-Lambert affirme son souhait d’inspirer à la noblesse et aux riches citadins le respect pour la vie à la campagne. Prenant pour référence la poésie pastorale des auteurs latins, il fait le vœu de les imiter pour décrire les émotions liées au spectacle de la nature. Réalisés d’après des modèles de Paul-Louis Cyfflé à Lunéville, la figure du Jardinier appuyé sur sa bêche et son pendant, La Jardinière au pot cassé, ont été imités à de nombreuses reprises avec des variantes dans les manufactures de Saint-Clément, de Toul-Bellevue et de Niderviller, démontrant ainsi le goût de la clientèle pour ces sujets. Les créations de Cyfflé se démarquent de celles de la manufacture de Vincennes-Sèvres qui produit alors des figures de jardiniers, de jardinières et d’enfants jardiniers d’après des dessins de François Boucher.
Marie Pintre
Bibliographie :
HORIOT (Maïté), Paul-Louis Cyfflé et les terres de Lorraine aux XVIIIe-XIXe siècles dans les collections du Musée Historique Lorrain, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art sous la direction de François PUPIL et Francine ROZE, Université de Nancy 2, 2002-2003, pp. 39-40, n°11.
NOËL (Maurice), Recherches sur la céramique lorraine au XVIIIe siècle, thèse en histoire de l’art non publiée, Université de Nancy, 1961, p. 205-206.
CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 81, 87, 94, 98, 144-145.