Sainte Geneviève

Manufacture Cyfflé à Lunéville ou de Toul-Bellevue

Manufacture Cyfflé à Lunéville ou de Toul-Bellevue
Dernier tiers du XVIIIe siècle
Biscuit de terre de pipe
H. 18 ; L. 26 ; P. 16,5 cm
Inv. 74.8.8
Achat à Jean Bucquoy, 1974

Sur un piédestal ovale à quatre pieds, orné d’anneaux et de guirlandes de lauriers, une jeune fille, assise sur un monticule rocheux et appuyée contre une souche d’arbre, lit accompagnée de deux moutons. Elle est coiffée d’un voile, vêtue d’une grande robe, un médaillon sur la poitrine, et chaussée de sandales. Une quenouille est posée à ses pieds. Désignée comme une Sainte Agnès dans l’inventaire du musée, cette figure représenterait plutôt sainte Geneviève. Outre le livre ouvert et la quenouille, cette dernière est identifiable au médaillon porté en sautoir, offert par saint Germain, évêque d’Auxerre, qui consacra la jeune fille à Dieu lors de son passage à Nanterre, sa ville natale. La représentation de sainte Geneviève en bergère entourée de ses moutons apparaît à la fin du XVe siècle, peut-être dans un rapprochement avec le personnage de Jeanne d’Arc enfant. La sainte patronne de Paris, qui a empêché ses habitants de fuir lors de l’invasion d’Attila, est parfois représentée avec les clefs de la cité ou bien avec un cierge qu’elle a utilisé en visitant de nuit le chantier de la basilique de Saint-Denis.

Parmi les sujets religieux recensés dans le catalogue de la manufacture de Toul-Bellevue édité par Bayard père et fils en 1778, outre La Naissance du Sauveur, quatre figures et l’enfant dans le berceau, lequel groupe se monte sur un piédestal, on relève une Sainte Magdeleine repentante, sur un petit piédestal, dans le même genre que celui du groupe de la naissanceSainte ThérèseSaint Bruno en prièreSaint Charles BorroméeSaint Antoine de PadoueSaint François d’Assise et Sainte Geneviève avec ses moutons sur un même piédestal. Il n’est aucunement fait mention d’une sainte Agnès. Un exemplaire représentant Sainte Madeleine repentante, représentée sur le même type de socle, est conservé au Victoria and Albert Museum de Londres. Par ailleurs, si les inventaires de la manufacture de Saint-Clément ne mentionnent qu’une figure de saint Antoine en 1802, le Livre des formes de lamanufacture de Niderviller recense plusieurs figures de saints et de saintes dont les saintes Adélaïde, Rosalie, Thérèse, Madeleine, Sophie, Élisabeth, Marguerite, Catherine et Geneviève. Avec une forte implantation de la Compagnie de Jésus, des Sœurs de Saint-Charles et des chanoines réguliers de Saint-Augustin, la Lorraine est l’un des bastions de la reconquête catholique au XVIIe siècle. Le concile de Trente a particulièrement encouragé le culte des saints, modèles et intercesseurs.

Marie Pintre

Bibliographie :

GUÉNEBAULT (Louis-Jean), Dictionnaire iconographique des figures, légendes et actes des saints, tant de l’ancienne que de la nouvelle loi, et répertoire alphabétique des attributs qui sont donnés le plus ordinairement aux saints par les artistes, Au Petit-Montrouge, M. l’Abbé Migne, 1850, pp. 242-243.

DUCHET-SUCHAUX (Gaston) et PASTOUREAU (Michel), La Bible et les saints, Guide iconographique, Paris, Flammarion, 1990, pp. 155-156.

CALAME (Catherine), Cyfflé, orfèvre de l’argile. Ses statuettes en terre de Lorraine et les reprises par les manufactures régionales [cat. exp., « Cyfflé, orfèvre de l’argile », Saint-Clément, 1er août-17 août 2009], Lunéville, Association des Amis de la Faïence ancienne de Lunéville Saint-Clément, Office de Tourisme et château des Lumières, 2009, pp. 95, 175.