Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière

Anticipant la cession des duchés de Lorraine et de Bar au roi Stanislas Leszczynski conclue en 1737, une déclaration secrète signée au château de Meudon le 30 septembre 1736 stipule que le futur duc de Lorraine renonce aux « embarras des arrangements qui regardent l’administration des finances et revenus des duchés de Bar et de Lorraine ». Ces affaires sont confiées aux mains d’un intendant choisi en concertation entre le roi Louis XV et son beau-père. Cette charge échoit à Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, alors intendant de Soissons, qui devient chancelier et garde des sceaux de Stanislas. Le nouvel officier a la lourde tâche de préparer la transformation progressive de l’administration des duchés afin que celle-ci devienne cohérente avec l’administration française. Assurant les pouvoirs de justice, de police et de finances, La Galaizière devient bientôt très impopulaire comme l’illustrent les chansons satiriques circulant dans les rues de Nancy : « prenez ensuite vos jarretières, accourez pour étrangler La Galaizière ».

Comme de nombreux membres de la cour royale, le chancelier appréciait les productions de Paul-Louis Cyfflé. Il possédait en effet dans le cabinet de jour de son château de Neuviller-sur-Moselle une réplique de la statue du roi de Pologne réalisée par le sculpteur pour l’Académie Royale des Sciences et Belles Lettres de Nancy et, dans son cabinet de travail, un médaillon représentant le monarque. Le modèle de ce buste représentant La Galaizière est attribué à Cyfflé. Il apparaît sous le n°108 du catalogue de la manufacture de Lunéville datant de 1892. Le sculpteur s’inspire très probablement de la gravure de Jacques-Firmin Beauvarlet qui représente également Chaumont de La Galaizière de face et en buste, revêtu des habits de sa charge de chancelier. On reconnaît en particulier son grand manteau rouge, fortement mis en avant dans le tableau de François-André Vincent le représentant prêtant hommage à Stanislas, et sa simarre. L’ornementation du piédouche incite également à penser que le sculpteur s’est inspiré du modèle gravé. Il présente en effet dans un médaillon le blason de Chaumont de La Galaizière traité de manière absolument identique dans la gravure. Sur l’écu central apparaissent les armes parlantes de la famille : « D’argent à un mont de sable dont le sommet est flambant d’une flamme de gueules, d’où sort de la fumée de chaque côté roulée en forme de volute ». Par un jeu de mot, le volcan représenté désigne ainsi le patronyme familial. Le cartouche sur lequel repose l’écu est surmonté de la couronne de marquis et du mortier, coiffe inhérente à la charge de chancelier. Aux quatre angles du cartouche porté par deux figures de sauvages apparaissent également les deux masses du chancelier et son manteau d’hermine. Une version du buste en faïence polychrome attribuée à la manufacture de Saint-Clément est conservée au Victoria and Albert Museum de Londres.

Pierre-Hippolyte Pénet